AVEC LE SOURIRE - Quand Ségolène Royal exprime un désaccord, elle le dit avec le sourire. Mais elle l’exprime quand même. Invité de BFMTV jeudi 17 mars , la ministre de l’Environnement s’est permis de critiquer deux membres du gouvernement.
D’abord Jean-Vincent Placé. Le tout nouveau secrétaire d’Etat à la Réforme et à la Simplification a fait savoir le 16 mars qu’il appellerait à voter contre le projet d'aéroport à Notre-Dame-des-Landes dans un entretien au Monde . Ségolène Royal n’a pas apprécié et elle le fait savoir à la journaliste Ruth Elkrief :
"- Ruth Elkrief : Quand Jean-Vincent Placé dit qu’il va appeler à voter ‘non’ au référendum de Notre-Dame-des-Landes, ça vous a choqué ?
- Ségolène Royal : Ce n’est pas que ça me choque mais c’est un peu incohérent.
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Toujours souriante, Ségolène Royal a ensuite recadré le ministre de l’Agriculture Stéphane Le Foll. Cette fois, la ministre de l’Environnement n’a pas apprécié le lobbying du porte-parole du gouvernement auprès des députés sur l’interdiction des insecticides dans le projet de loi sur la biodiversité. Voici l’échange entre Ruth Elkrief et Ségolène Royal :
"- Ruth Elkrief : Stéphane Le Foll a envoyé une lettre aux députés pour leur recommander de ne pas voter l’interdiction totale des insecticides les plus nocifs contre les abeilles, ceux qu’on appelle les néonicotinoïdes. Ça vous a surpris comme méthode ?
- Ségolène Royal : Un peu surpris, je dois le dire (rires). Ça fait partie du débat. Plus rien ne m’étonne en politique.
- Ruth Elkrief : Vous êtes en colère ?
- Ségolène Royal : Non, je ne suis pas du tout en colère. C’est pas du tout mon style d’être en colère. Je comprends sa préoccupation au sens où il défend les agriculteurs qui lui disent qu'ils ne peuvent pas faire autrement. Moi je connais beaucoup d'agriculteurs qui commencent à faire autrement (…)
- Ruth Elkrief : Il y a quand même une drôle d’ambiance dans ce gouvernement ?
- Ségolène Royal : Non, ça prouve qu’on travaille (rires)
- Ruth Elkrief : C’est sportif un peu là, non ?
- Ségolène Royal : Non, mais après tout, il vaut mieux dire clairement les choses et ensuite que les décisions soient prises dans l'intérêt général et surtout en regardant le futur, pas le passé (…) Aujourd'hui, il y une femme sur 10 qui est touchée par le cancer du sein et on continuerait à faire comme si de rien n'était par rapport aux pesticides ? C'est inacceptable.
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Ce n’est pas vraiment la première fois que Ségolène Royal se paie des membres du gouvernement auquel elle appartient. Juste après le remaniement, elle avait fait comprendre que Jean-Marc Ayrault était un second choix pour le quai d’Orsay . Un mois plus tôt, elle avait expliqué qu’elle avait "un temps d’avance" sur Manuel Valls à propos de l’environnement . Mais à chaque fois avec le sourire.