Il était tranquillement en vacances à Punta Cana, en République Dominicaine - dont on parle beaucoup en relation avec le FN ces temps-ci, mais c'est une autre histoire -, quand il a appris que ses bureaux de Saint-Cloud étaient perquisitionnés. Alors forcément, Jean-Marie Le Pen est révolté. Depuis sa "convalescence" caribéenne, il prend donc la plume et décroche son téléphone pour dénoncer la "violence judiciaire" qui lui est faite, comme s'il était "la French Connection ou Bygmalion".
Cette perquisition se fait, mercredi 4 novembre, dans le cadre d'une enquête portant notamment sur des faits supposés de blanchiment de fraude fiscale. Le "Menhir" réagit, auprès de France Info, tout scandalisé qu'il est de ne pas avoir été "averti de cette démarche judiciaire" et s'estimant traité comme un trafiquant de drogue international et victime d'une persécution politique :
"Je suis en vacances à l'étranger, je suis en République Dominicaine où je vais tous les ans passer 15 jours de vacances. Et je suis en convalescence en fait. Et profitant de mon absence, il est procédé à une série de perquisitions avec des effectifs policiers considérables, violation de mes coffres-forts, sans que j'ai même été averti de cette démarche judiciaire. Je trouve absolument scandaleux, je suis indigné de cette manière de procéder. C'est comme si j'étais la French Connection ou Bygmalion.
Et ces méthodes de violence me paraissent très éloignées du respect qui est dû à un citoyen et à un parlementaire, de surcroît. C'est vrai qu'on est tout près des élections : il faut faire un scandale, n'est-ce pas ?
"
Après Nicolas Sarkozy clamant être encore plus mal traité que Pablo Escobar en son temps, voici donc Jean-Marie Le Pen rappelant qu'il n'a rien avoir avec un bien connu réseau de trafic d'héroïne entre la France et les États-Unis. L'actualité politico-judiciaire de ces derniers jours est donc fofolle. Notons encore qu'une nouvelle fois, l'eurodéputé FN est outré de ce qui lui arrive durant ses congés ; il avait déjà utilisé le même argumentaire au mois d'août, lorsque Marine Le Pen l'avait convoqué devant le bureau exécutif du FN en vue de son exlcusion du parti.
Mais revenons-en à notre perquisition. Interrogé sur les faits qui lui sont reprochés, le patriarche frontiste crie à nouveau son innocence : "On m'a dit que c'était de la fraude fiscale, mais je ne sais pas de quelle fraude fiscale il s'agit. Je n'ai pas de compte bancaire en Suisse." Fin avril, Mediapart avait révélé le signalement de Tracfin, la cellule anti-blanchiment de Bercy, évoquant un trust géré à Genève, dont l'ayant droit serait l'assistant personnel de Jean-Marie Le Pen. Selon ce signalement, le trust comprendrait un compte abondé à hauteur de 2,2 millions d'euros, dont 1,7 sous forme de lingots et de pièces d'or.
Selon une source proche du dossier interrogée par l'AFP, le compte aurait été clos en 2014 et les fonds transférés dans une banque aux Bahamas. Un autre signalement, de la Haute autorité pour la transparence de la vie publique (HATVP), portait sur la déclaration de patrimoine de 2014 de Jean-Marie Le Pen et était aussi lié à des soupçons sur ce compte.
Jean-Marie Le Pen avait admis en 2013 avoir détenu un compte en Suisse ouvert à l'UBS en 1981, une affaire déjà évoquée par le passé. Il avait alors parlé d'une opération d'emprunt pour sa société de disques de l'époque, la Serp.
Dans un communiqué publié avant sa réaction sur France Info, celui qui est encore président d'honneur du FN accusait déjà :
"Je suis l'objet de l'attention minutieuse, voire inquisitoriale, des agents du fisc depuis des dizaines d'années. Comme toujours, sous la gauche comme sous la droite, il semble que le calendrier électoral commande les actes de procédure si possible médiatiques. [...] Je suis indigné de cette violence judiciaire injustifiée.
"
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