L'élection de Sadiq Khan à la mairie de Londres a un peu de mal à passer du côté du FN. Si le parti et ses principaux dirigeants n'ont pas officiellement réagi, quelques cadres frontistes n'ont pas caché qu'ils voyaient d'un très mauvais oeil le succès électoral de ce travailliste de 45 ans, ancien député et ministre, d'origine pakistanaise et de religion musulmane.
Ainsi le sénateur-maire de Marseille Stéphane Ravier a-t-il jugé que "l'élection de Sadiq Khan illustre en partie le basculement démographique des grandes villes européennes", ajoutant : "Le temps file..." Un commentaire dans la roue de celui de Robert Ménard (maire de Béziers non encarté au FN mais élu avec le soutien de ce dernier), qui y a vu "un tournant historique qui symbolise le grand remplacement en cours". Et puis il y a Pascal Gannat.
Moins connu que ses camarades suscités, ce dernier est secrétaire départemental de la formation d'extrême droite dans la Sarthe et membre du bureau politique du parti. Il a aussi été tête de liste FN pour les élections régionales en Pays de la Loire. Autant dire qu'il est un véritable cadre installé dans le parti. Or, que pense Pascal Gannat de l'élection de Sadiq Khan ? Voici ce qu'il en a dit sur Twitter ce samedi :
"Si Marine Le Pen n'arrive pas au pouvoir, dans 30 ans Angers et Nantes seront comme Roubaix. Nous aurons alors un Sadiq Khan à la tête du Pays. En pire !
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Si MLP n'arrive pas au pouvoir, dans 30 ans Angers et Nantes seront comme Roubaix. Ns aurons alors un Sadiq Khan à la tête du Pays. En pire!
— Pascal Gannat (@pgannat) 7 mai 2016
S'il juge que la France risque "pire" que Sadiq Khan, c'est donc que dans son esprit, le nouveau maire de Londres représente déjà un certain mal. Un mal que seule Marine Le Pen serait à même d'entraver. Pascal Gannat prédit ainsi avec angoisse l'arrivée à l'Élysée de quelqu'un de "pire" que l'ancien ministre travailliste britannique, d'origine pakistanaise et musulman. Or, il n'y a pas trop de doutes sur lesquelles de ces caractéristiques sont en jeu dans sa *prophétie*.
Un peu plus tard, le même Pascal Gannat a encore considéré, toujours sur Twitter, que "lorsque les populations sont remplacées, les dirigeants aussi". Et de prendre le livre de Michel Houellebecq, Soumission (qui imagine l'arrivée au pouvoir en 2022 d'un islamiste modéré), comme preuve annonciatrice du "grand remplacement", cette "vérité qui s'illustre à Londres" selon lui :
Soumission de Houellebecq annonçait une vérité qui s'illustre à Londres : lorsque les populations sont remplacées, les dirigeants aussi !
— Pascal Gannat (@pgannat) 7 mai 2016
Par le passé, Marine Le Pen elle-même et le secrétaire général du FN Nicolas Bay ont déjà pris Soumission comme exemple de leurs analyses. Concernant par ailleurs le "grand remplacement", certains responsables FN valident totalement et ouvertement cette théorie de l'écrivain d'extrême droite Renaud Camus. Stéphane Ravier donc, mais aussi Marion Maréchal-Le Pen ou Gilbert Collard, sans parler de Jean-Marie Le Pen.
Marine Le Pen, de son côté, s'attache à ne pas prononcer les termes en question, tout en jugeant que la théorie qu'ils dessinent est valable.