INSTANTS TÉLÉ - Philippe Poutou aura marqué la campagne présidentielle de quelques coups d'éclat télévisés. Il en a encore réalisé un ou deux, au cours de la soirée électorale du premier tour sur France 2, dimanche 23 avril au soir. Il avait même enfilé une chemise pour l'occasion, lui qui ne se plie jamais à ce genre de contraintes vestimentaires. Mais s'il avait changé de tenue, il a gardé le même franc-parler. Et son mauvais résultat final (il ne finit que huitième de cette élection, avec environ 1% des voix) n'entame en rien sa volonté de taper sur tout ce qui bouge. Il faut dire qu'il n'aura peut-être pas d'autres occasions similaires de le faire, lui qui vient de mener à son terme sa deuxième et dernière candidature au non du NPA.
D'entrée et alors qu'on lui posait une première question (pour connaître sa décision d'appeler ou non à voter pour l'un ou l'autre des deux qualifiés pour le second tour, à savoir Emmanuel Macron et Marine Le Pen), il a défouraillé en se prenant à la personne qui était assise à sa droite, un certain Christian Estrosi, cueilli à froid :
"- Philippe Poutou : Bon d'abord vous êtes vaches, vous m'avez mis à côté d'Estrosi et vous savez que je suis allergique aux réactionnaires. Mais bon.
- Christian Estrosi, après quelques secondes de blanc : C'est vrai que je suis très réactionnaire mais appeler à désarmer les policiers quelques instants avant qu'un jeune policier se fasse abattre sur les Champs-Élysées [référence à ceci, ndlr], je suis assez réactionnaire.
- Philippe Poutou : On défend ça depuis le début de la campagne et puis ça n'a rien à voir avec la lutte anti-terroriste, mais enfin bon.
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Quant à la réponse à la question, Philippe Poutou finit par y répondre en indiquant que sa formation, le NPA, "ne donne pas de consigne de vote". "Moi personnellement, je m'abstiendrai", ajoute-t-il. Une première séquence à revoir en vidéo :
Plusieurs minutes plus tard, Philippe Poutou se retrouve seul en plateau face au porte-parole d'En Marche !, Benjamin Griveaux. Et le candidat du NPA de s'en prendre sans pincettes aux "tocards" de la politique qui ont rejoint Emmanuel Macron :
"On nous dit que pour barrer la route à Le Pen y'a Macron, mais le problème, c'est justement ça, c'est que [...] Macron, il a récupéré tous les tocards de la politique. Des anciens ministres de gauche : Valls, le Drian. Des anciens ministres d'avant, des ministres de droite, des gens qui ont tous été dans les politiques qui ont été menées. On a été flingués par tous ces gens-là par le passé et puis on nous propose la solution miracle, Macron, pour empêcher ça. C'est là où ça peut pas coller.
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"Quel mépris pour les 260.000 adhérents de notre mouvement", rétorque alors Benjamin Griveaux. S'en suit cet échange que tente de clore la journaliste Léa Salamé :
"- Benjamin Griveaux : C'est insupportable d'entendre ça. [...] Vous savez, une voix vaut une voix.
- Philippe Poutou : Bah oui vous avez des tocards autour de vous, je peux le dire quand même.
- Benjamin Griveaux : Ne les méprisez pas, ça m'étonne de vous.
- Philippe Poutou : Donc je le redis, ce sont des tocards qu'il y a autour de vous, vous avez fait que ça. [...]
- Léa Salamé : Monsieur Poutou, on va s'arrêter parce que là... on va s'arrêter non ?
- Philippe Poutou : Non mais je peux finir un petit peu ?
- Léa Salamé : Terminez mais peut-être sans mettre en accusation en utilisant des mots... 'Les tocards', tout ça, est-ce que c'est vraiment nécessaire ?
- Philippe Poutou : Non mais des agressions, on en a entendues plein dans l'autre sens, ça fait pas réagir non plus.
"
Une autre séquence à revoir en vidéo :
Voilà, c'était le dernier tour de piste de Philippe Poutou dans cette présidentielle 2017. Et il n'avait pas fait le voyage pour rien.