Publié à 17h02, le 16 janvier 2015 , Modifié à 20h28, le 16 janvier 2015

Attentats : Jean-Marie Le Pen accuse à demi-mots les services secrets français

COMPLOT - Non, décidément Jean-Marie Le Pen n'est pas Charlie. Après avoir appelé à voter Marine Le Pen en pleine prise d'otages le 9 janvier et avoir annoncé sa candidature aux régionales pendant la "marche républicaine", le président d'honneur du Front national remet désormais en cause l'origine des attentats connus par la France etre le 7 et le 9 janvier. Dans un entretien à  Komsomolskaya Pravda (La vérité de la jeunesse communiste) le 16 janvier, traduit par l'Express, Jean-Marie Le Pen présente d'abord Charlie Hebdo comme "l’ennemi" du FN. Voici ce qu'il déclare :

Charlie Hebdo était l'ennemi de notre parti. Tous ces politiques qui ont manifesté ne sont pas des Charlie mais des charlots [...] incapables de protéger leur pays de l'arrivée des immigrés du Sud.

Puis, interrogé sur la carte d'identité d'un des frère Kouachi retrouvé dans une voiture, le député européen développe toute une théorie sur l'origine de ces attentats. Le président d'honneur du FN évoque la responsabilité des "services secrets" dans les attentats, admettant cependant ne pas avoir de "preuves" pour confirmer ses "soupçons". Il explique :

La carte d'identité oubliée par les frères Kouachi me rappelle le passeport qui était tombé de l'avion en feu le 11-Septembre. Tout New-York brûlait et ce passeport était resté intact. On nous dit que les terroristes étaient des idiots et que c'est pour ça qu'ils auraient laissé le document dans la voiture. L'exécution de Charlie Hebdo porte la signature d'une opération des services secrets. Mais nous n'avons pas de preuves. Je ne pense pas que les organisateurs de ce crime soient les autorités françaises mais elles ont permis que ce crime ait lieu. Pour l'instant, ce ne sont que des soupçons.

Enfin, invité à donner son opinion sur le fait que Charlie Hebdo s'attaquait peu à la religion juive (selon la journaliste Daria Aslamova), le président d'honneur du FN rétorque que les juifs "savent se défendre". Voici ce qu'il dit :

Daria Aslamova : Pourquoi Charlie Hebdo n'a pratiquement jamais touché les juifs ?



Jean-Marie Le Pen : Parce qu'ils savent se défendre. Regardez les Femen, elles peuvent courir nues devant le Pape à Rome, se déshabiller à Notre-Dame-de-Paris mais elles ne sont jamais entrées dans une synagogue.

Des propos qui risquent de susciter de nouvelles réactions dans l'état major du parti, même si Florian Philippot affirmait le 12 janvier que "Jean-Marie Le Pen est inoffensif pour tout le monde aujourd'hui".

Jean-Marie Le Pen lui même a démenti ces propos qui lui sont prêtés. Dans un communiqué, il écrit : 

Je ne valide pas les retraductions en français d’interviews déjà traduites du français en russe. Si on veut connaitre mon avis sur tel ou tel sujet, je répondrai moi-même directement.

Au Monde, il explique qu'il ne "souvient pas d'avoir parlé des services secrets" 

Marine Le Pen, sur BFMTV, a quant à elle expliqué qu'elle n'avait pas forcément "confiance" dans ce qu'elle présente comme "le journal des jeunesses communistes russes".

Vendredi 16 janvier, en fin d'après-midi, le patron des députés PS Bruno Le Roux a violemment dénoncé les propos de Jean-Marie Le Pen, estimant ces déclarations "sont une insulte à la Nation et aux Français". Il ajoute : 

En proférant des théories conspirationnistes grotesques, en amnistiant les terroristes djihadistes de leur responsabilité, M. Le Pen commet le scandale de trop. L’indignation ne suffit plus. Nous exigeons que le Front national s’excuse de cette indignité devant les Français et en tire toutes les conséquences.

Mais le socialiste ne précise pas quelles conséquences il imagine.  

[EDIT 18h50] Ajout réaction de Bruno Le Roux

[EDIT 19h15] Ajout déclarations de Jean-Marie Le Pen et Marine Le Pen