Si l'on schématise un peu, quand il s'agit de Marine Le Pen, Benoît Hamon et Manuel Valls sont d'accord. Le premier a exprimé, dimanche 8 mars, sa peur de voir la France se "fracasser" contre le FN. Le second a admis lui-aussi, lundi 9 mars sur Europe 1, que la frontiste pouvait l'emporter en 2017.
Du coup, l'ancien ministre de l'Éducation, souvent en première ligne pour critiquer l'action du Premier ministre, a reconnu que celui-ci avait raison de "désigner la menace". Il a dit :
Il a raison de vouloir affronter le problème parce que si cette menace se réalisait, les conséquences pour le pays seraient considérables en matière de solidarité, de politique sociale, de politique de la ville, de vivre-ensemble. Nous entrerions dans une période extrêmement dangereuse.
OK, mais après ? Benoit Hamon est bien d'accord avec Manuel Valls sur le constat, un peu moins sur les mesures à prendre pour contrer la menace Le Pen. Sans surprise, celui qui a rejoint le camp des "frondeurs" veut une réorientation de la politique gouvernementale. Et, pour appuyer ses dires, il rappelle ce qu'il avait dit en octobre 2014. Il explique :
Moi-même à l'automne j'avais dit qu'on se préparait à une catastrophe démocratique si on ne prenait pas en compte cette menace-là et si on ne changeait pas de politique. À cette époque-là, ça m'avait valu beaucoup de critiques et notamment de mon propre camp. Aujourd'hui, on affronte les problèmes mais on ne les affrontera pas totalement si on ne voit pas qu'il faudra aussi changer quelque chose à notre politique.
Le 21 octobre sur RFI, Benoit Hamon s'était attiré les foudres de son camp en disant que la politique de l’exécutif "menace la République" et mène vers "un immense désastre démocratique", soit un nouveau "21 avril" en 2017. Stéphane Le Foll lui avait même, à l'époque, proposé de quitter le PS.
Du coup, quand Manuel Valls évoque le risque FN, Benoit Hamon y voit une validation de ses mots automnaux. Pas sûr du tout que le Premier ministre partage la même vision.