Bernard Cazeneuve, le ministre le plus amovible de la présidence Hollande

Publié à 09h08, le 04 avril 2014 , Modifié à 09h08, le 04 avril 2014

Bernard Cazeneuve, le ministre le plus amovible de la présidence Hollande
Bernard Cazeneuve sur Europe 1 le 4 avril 2014. © Europe 1

LE PION - Il est celui que l'on peut transférer de ministère en ministère sans problème. Bernard Cazeneuve, devenu ministre de l'Intérieur du gouvernement Valls alors que d'autres noms étaient attendus, est déjà passé par le ministère du Budget durant un an mais aussi par celui des Affaires européennes pendant dix mois. Ce qui fait de lui le ministre le plus amovible de la présidence Hollande.

Invité d'Europe 1 ce 4 avril dans ses tout nouveaux habits de premier flic de France, Bernard Cazeneuve veut montrer qu'il n'est pas incongru à ce poste. Il se qualifie ainsi de "déterminé", rappelle qu'il a obtenu en tant que maire de Cherbourg (depuis 2001) des "résultats exemplaires en matière de délinquance" mais aussi qu'il a longuement discuté avec l'ancien titulaire du poste, Manuel Valls. Donc, tout roule :

J’ai passé de longues heures avec Manuel Valls [en tant que ministre du Budget, ndlr] pour faire en sorte que son ministère ait les moyens de fonctionner. Ce ministère est désormais le mien et j’entends faire en sorte que la sécurité pour tous soit effective sur tout le territoire.

Un exercice de justification qu'il avait déjà dû effectuer en mars 2013 en succédant en urgence à Jérôme Cahuzac au Budget, quittant ainsi les Affaires européennes. Sur Europe 1, il expliquait s'apprêter à potasser son nouveau sujet :

Je vais me faire pendant quelques jours, quelques semaines, pendant de longues heures, papivore, pour intégrer du papier et la matière que je ne maitrise pas aussi bien qu’il la [Jérôme Cahuzac, ndlr] maitrisait.

Extrêmement adaptable Bernard Cazeneuve, mais aussi totalement anti-couac. En très bon élève de la classe, il a toujours rappelé à l'ordre ses collègues ministres un peu trop bruyants en leur conseillant de "s'effacer devant la mission qui nous a été confiée". En octobre 2013 par exemple, alors que les ministres se déchiraient sur la questions des Roms, il leur a demandé d'arrêter le "narcissisme" :

Cela suppose que chaque ministre s’efface devant la responsabilité qu’il exerce. Ce que nous sommes individuellement, nous les ministres, est moins important que la fonction qui nous a été confiée. (...) Tout ce que nous faisons pour redresser le pays est plus important que ce que nous sommes. Nous devons nous concentrer sur nos objectifs et oublier la dimension parfois narcissisante (sic) de la vie politique.

Il donnait aussi cette description des rapports de pouvoir :

C’est le président de la République qui indique à ses ministres la direction et ses ministres loyalement l’appliquent.

Trois ministères en deux ans. La rançon de l'hyper-adaptabilité.

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