DANS LES DENTS - Ça avait fini par se voir. L’inimitié entre Manuel Valls et Cécile Duflot avait explosé aux yeux de tous, à l'automne 2013, après la sortie du premier sur les Roms et la réaction sans mesures diplomatiques de la seconde. Problème, les deux étaient alors membres du gouvernement de Jean-Marc Ayrault. Les inimitiés s’étaient donc calmées, stoppées par les remontrances présidentielles.
Cette relative discrétion s’est donc achevée lorsque Duflot a claqué la porte du gouvernement. Dans son livre à paraître le 25 août, De l’intérieur. Voyage au pays de la désillusion (éd. Fayard), l’ancienne ministre du Logement se lâche. L'une de ses cibles privilégiées ? Manuel Valls évidemment.
Dans les bonnes feuilles que publie Le Nouvel Observateur ce mercredi 20 août, l’écolo n’est pas tendre avec le Premier ministre. Elle le décrit, pêle-mêle, comme un arriviste penchant trop à droiteet qui use des mêmes méthodes que Sarkozy. Voici ce qu’elle écrit :
Manuel Valls est sérieux, obsédé par la politique depuis de très longues années. Il a un vrai plan de carrière, il veut réussir. […] Je ne connais pas assez Manuel Valls et Nicolas Sarkozy pour savoir s'ils se ressemblent. Mais je sais que celui qui fut le premier ministre de l'Intérieur de François Hollande utilise des recettes similaires. Il déploie les mêmes techniques : saturation de l'espace médiatique, transgression. La figure est facile : le mec de gauche qui tient des discours de droite, c'est un peu l'écolo qui défend le nucléaire !
Et elle ne s’arrête pas là, oh que non. "À force de reprendre les arguments et les mots de la droite, de trouver moderne de briser les tabous, et donc de défendre la fin des trente-cinq heures, de dénoncer les impôts, de s'en prendre aux Roms, de prôner la déchéance de la nationalité pour certains condamnés, de taper sur les grévistes, quelle est la différence avec la droite ?", s’interroge-t-elle.
Une question à laquelle elle soumet elle-même des réponses un chouïa provocatrices :
Une carte d'adhésion dans un parti différent ? Le fait de proclamer toutes les trois phrases 'je suis de gauche' ? Formellement, factuellement, quels sujets les opposent ? A force de trianguler, ils ont fait disparaître la gauche.
Voilà Valls rhabillé pour l’hiver. Ce qui pourrait appeler à une réaction. Selon Le Canard Enchaîné de ce mercredi 20 août, le Premier ministre a fait passer une consigne. "Il faut la taper et ne pas hésiter à lui rentrer dedans", a-t-il déclaré à propos de son ancienne collègue.
Car, après tout, Manuel Valls ne garde pas non plus un très bon souvenir de Cécile Duflot. "De tous les ministres d'Ayrault, Cecile Duflot est celle qui porte la plus grande responsabilité de ce qui n'a pas marché", a-t-il dit toujours selon Le Canard.