Outre l’euro, s’il y a bien une chose qui exaspère Nicolas Dupont-Aignan, c’est qu’on mette un signe égal entre son mouvement et le Front national.
De la lutte contre la monnaie unique à la remise en cause de l’ouverture des frontières, difficile pourtant d’ignorer les nombreux points d’accord entre Debout la France, le petit parti du député de l’Essonne et la formation de Marine Le Pen.
Mais à quelques jours d’élections départementales pour lesquelles "NDA" entend creuser son sillon souverainiste face à l’UMP et au PS, il faut croire que certaines évidences ne sont pas bonnes à dire.
Invité de la matinale de France 2 puis d’iTélé ce mercredi 11 mars, Nicolas Dupont-Aignan dégaine donc un éventail de références politiques censées démontrer que non, Marine Le Pen et lui ne sont pas interchangeables.
#Point David Cameron
C’est la première personnalité invoquée par l’interviewé et pas la moins paradoxale. Pour illustrer sa volonté de restreindre l’accès aux allocations diverses versées aux étrangers par les départements, Nicolas Dupont-Aignan s'appuie sur le libéral Premier ministre britannique. Pas franchement un modèle de gaullisme économique. Il explique :
Est-ce que vous trouvez normal, quand on arrive en France au bout de trois mois, de bénéficier du RSA, de la CMU et de l’aide au logement ? J’ai proposé un délai de carence de trois ans (…). Quelqu’un qui arrive et qui bénéficie avant même de travailler de prestations, ce n’est pas possible. D’ailleurs, Cameron en Angleterre propose exactement la même chose.
Et si ce n’était pas assez clair, l’interviewé se fait VRAIMENT explicite : "Ça veut pas dire la préférence nationale. C’est ma différence avec le Front national".
#Point Jean-Pierre Chevènement
C’est un classique de tous ceux qui refusent d’être assimilé à l’extrême-droite en soutenant la sortie de la monnaie unique : en appeler au "Che", la figure tutélaire de gauche anti-euro. Alors que le journaliste Bruce Toussaint relève ce point commun entre Marine Le Pen et Nicolas Dupont-Aignan, ce dernier s’exclame :
Mais Jean-Pierre Chevènement aussi ! Est-ce qu’il est Front national ? Est-ce qu’il est Front national ?
#Point Olivier Besancenot
Celui-là, on ne s’y attendait vraiment pas. Interrogé sur la "stigmatisation" revendiquée du FN par Manuel Valls, Nicolas Dupont-Aignan désapprouve clairement : "C’est totalement stupide. Le Front national est un parti comme les autres, qui a le soutien de millions de Français".
Une défense du FN qui ne vaut pas approbation, s’empresse pourtant de souligner le parlementaire souverainiste en expliquant en substance qu'il n'est pas plus proche des idées de Marine Le Pen que de celles d'Olivier Besancenot, le leader du NPA (Nouveau Parti anticapitaliste) :
Le Front de gauche (de) Monsieur Besancenot est un parti comme les autres (sic). Et pour autant, est-ce que je travaille avec l’extrême-gauche ?
[BONUS TRACK] "L’UMPS" ? Non, quand même
C’est une confession rare dans la bouche de Nicolas Dupont-Aignan : à tout prendre, le chef de Debout la France préfère quand même l’UMP au PS. Alors qu’il ne perd jamais une occasion de mettre sur un pied d’égalité les deux grands partis de gauche et de droite, ce mercredi sur le plateau des 4 Vérités, le gaulliste (lui-même issu de l’UMP) explique :
Je préfère l’UMP au PS par rapport aux dégâts du PS.
Manière de se démarquer du slogan "UMPS" martelé par Marine Le Pen ? Le député-maire de Yerres précise quand même dans la foulée :
Mais l’UMP était prisonnière de la même façon de choix économiques absurdes, de l’ouverture des frontières, la loi Dati était dans l’esprit de la loi Taubira.
Ouf, les souverainistes adeptes du "ni droite ni gauche" peuvent souffler.
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