"Quand je pleure, je pleure dans ma chambre". Si elle peut être touchée par les attaques dont elle est très régulièrement la cible, Christiane Taubira ne le montrera pas. C'est ce qu'elle explique ce 11 mars sur RTL après de nouveaux propos à son encontre, tenus cette fois par une élue UMP de Juvisy. La garde des Sceaux explique pourquoi elle ne réagira pas :
"C’est juste lamentable. Ça n’a pas d‘importance. L’important n’est pas ma personne. (...) Je pense qu’il vaut mieux avoir la décence de ne pas en parler en particulier quand on a mené des combats rudes dans sa vie et qu’on a eu le temps de se forger une capacité à résister. Voilà on n’est pas à plaindre.
Moi je disais à mes enfants, car parfois mon fils aîné trouvait que je résistais à trop de situations, et je lui avais dit "mais quand je pleure, je pleure dans ma chambre".
Donc même mes enfants n’ont pas à savoir si je souffre.
"
Selon Le Parisien, une adjointe au maire UMP de Juvisy, Robin Reda, s'est invitée dans un échange aux relents racistes sur Facebook samedi 7 mars. L'élue a écrit : "C’est pitoyable d’avoir une telle ministre. Elle vient de Cayenne, là où il y avait le bagne, qu’elle reparte là-bas vu qu’elle a toujours détesté la France."
Des propos condamnés par l'opposition socialiste et qualifiés de "maladroits" par le maire. Ce dernier réfute en revanche tout racisme de la part de son adjointe : "Sur le fond, le commentaire en lui-même n’est pas raciste. Christiane Taubira a été une activiste de l’indépendance de la Guyane contre la France. Elle a milité pour que Cayenne ne soit plus la France. Mon adjointe fait référence à ce passé et à cette vérité historique."
Sur RTL ce mercredi matin, Christiane Taubira pointe la responsabilité de certains partis politiques - qu'elle ne nomme pas - qui, par leurs propos, libèreraient ce type de paroles :
"J’entends des voix politiques particulières qui appartiennent à des corps politiques constitués ! Maintenant il y a des paroles politiques identifiables, identifiées, avec des signatures qui de plus en plus jouent avec le bord de la ligne.
Après, qu’un élu de moindre responsabilité franchisse la ligne, ce n’est pas étonnant.
"
Le 10 février, iTélé demandait déjà à Christiane Taubira s'il lui arrivait "de pleurer parfois " face à toutes les attaques subies. Elle répondait alors :
"Pas pour des âneries pareilles, non. Si je m'y arrêtais, peut-être que ça me ferait sourire mais ça ne mérite pas un sourire non plus. Il y a quelque chose qu'on fait dans les sociétés créoles, c'est un langage très féminin, et c'est ce que ça m'inspirerait. Ça s'appelle un 'tchip'. [Impossible à retranscrire] Il y a un concentré de dédain dans le 'tchip'. (...) Je pleure pas parce que des imbéciles, des arriérés, me traitent de tous les noms ou qu'ils ont des fixations sur moi.
"
BONUS TRACK
Le FN, un parti républicain ? Certainement pas. Quand certains se tordent en circonvolutions pour définir le parti de Marine Le Pen, Christiane Taubira le revendique :
"Ce n’est certainement pas moi qui vais lui donner ce titre prestigieux et démocratique ! Je conteste aussi bien sa nature républicaine que sa nature démocratique.
"
Pour la ministre, "il ne suffit pas de venir parasiter les avantages et les protections de la République pour être républicain". Et de prendre pour exemple ces associations - comme la Ligue des droits de l'homme à Hénin-Beaumont - privées de subventions dans certaines municipalités FN :
"Lorsque que dans les municipalités tenues par le FN, on se rend compte qu’ils font des distinctions entre les associations par exemple qui interviennent auprès des publics les plus vulnérables et qu’ils leur suppriment les moyens financiers, ils rompent le pacte républicain.
"