COLLABORATION - A ceux qui en doutaient, François Hollande reste le parton. L’Élysée l’affirme, dans Le Monde, jeudi 3 mars :
Valls est un combattant, mais il suit les directives et les orientations décidées par le président de la République.
Une phrase liée à un autre article du Monde. Dans celui-ci, "l’Élysée" s'exprime, mais également François Hollande himself : "Valls doit faire du Valls. Il ne doit pas faire différemment. S’il est nommé, c’est pour faire du Valls", assure le chef de l’État on the record.
Manuel Valls se place d’ailleurs sur la même ligne que le président, même s’il n’est pas à l’abri d’un lapsus. Mercredi 2 avril sur TF1, pour sa première interview en tant que Premier ministre, il a affirmé qu’il est là "pour mettre en œuvre" le projet de François Hollande.
Toujours est-il que cette vision de la relation président – Premier ministre s’inscrit dans la continuité des précédentes présidences. En août 2007, fraîchement élu, Nicolas Sarkozy avait eu une formule très concise pour décrire la forme des relations entre les deux têtes de l’exécutif, des mots rapportés à l’époque par Sud-Ouest :
Le Premier ministre est un collaborateur. Le patron, c'est moi.
Lors du débat l’opposant à Nicolas Sarkozy, dans l’entre-deux tours de la présidentielle de 2012, François Hollande s’était démarqué de cette vision. "Moi président de la République, je ne traiterai pas mon Premier ministre de collaborateur", avait-il juré. Certes, la forme est différente aujourd’hui. Mais le fond ?
Enfin, chacun se rappelle cette phrase, devenue célèbre, de Jacques Chirac en 2004 :
Il n’y a pas de différends entre le ministre des Finances et moi. Pour une raison simple, c’est que, notamment s’agissant de la dépense, je décide et il exécute.
Il ? Nicolas Sarkozy, ministre un rien trop ambitieux aux yeux du président Chirac. Ce dernier ne visait donc pas son Premier ministre de l’époque –Jean-Pierre Raffarin – mais, son ministre des Finances, ultra-populaire et n’hésitant pas à défier le chef de l’État. Nicolas Sarkozy souhaitait notamment cumuler, contre l’avis de Jacques Chirac, son ministère et la présidence de l’UMP.
François Hollande, alors premier secrétaire du Parti socialiste, avait réagi au rappel à l’ordre de Jacques Chirac : "Qu’il ait pu même être évoqué le petit "p" de la politique, sans doute parce qu’on voulait viser le petit "s" de Nicolas Sarkozy, en dit long sur l’état des relations au sommet de l’État", avait-il déclaré. À en croire Le Monde, Hollande président n’est pourtant pas loin de reprendre à son compte le fameux "je décide et il exécute".