Notre éditorialiste Olivier Duhamel réplique à l’appel de Jacques Bompard contre l’entrée de Jean Zay au Panthéon.
La France des années 2010 n’est certes pas la France des années trente. Mais l’extrême droite sentant des vents favorables renoue parfois avec les haines d’antan.
> L’extrême droite a toujours détesté Jean Zay. Et pour cause, il cumulait trois des quatre exécrations de Charles Maurras : pour part juif, protestant, de surcroit franc-maçon, ne manquait que métèque. Encore que Céline l’en taxait en évoquant "le négrite juif Jean Zay".
> La nouvelle extrême droite évite ces injures qui finiraient aujourd’hui devant les tribunaux. Elle n’en dénonce pas moins la panthéonisation du Jean Zay. Sous quel prétexte : tantôt qu’il n’aurait pas été résistant, tantôt pour un poème traitant le drapeau français de "saloperie tricolore" et "d"ignoble symbole".
> Le poème, donné comme un pastiche, a été écrit à l’âge de 19 ans. Il dénonçait les "quinze cent mille" morts de la première guerre mondiale et n’était pas destiné à la publication.
> En septembre 1939, Jean Zay s’est engagé dans la IVe armée et porté volontaire pour les missions les plus dangereuses. Aucunement pacifiste donc. Arrêté par Vichy, condamné à vie, interné, il fut assassiné par la Milice le 20 juin 1944.
> Cela rappelé, Jean Zay n’est pas honoré parce qu’assassiné, mais pour ses projets et ses actions comme ministre de l’Éducation nationale du Front populaire. Il allongea l’obligation scolaire à 14 ans, introduisit l’éducation physique, et défendit le collège unique ou la création de l’ENA pour ouvrir à tous l’accès à la haute fonction publique.
Bref, un grand homme auquel la patrie peut être reconnaissante.
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