"MAINS PROPRES" - "Grand bien leur fasse." Fabien Engelmann, maire Front national d'Hayange (Moselle), n'est pas plus ému que cela de voir deux de ses anciens adjoints quitter le parti. Marie Da Silva et Patrice Hainy ont symboliquement déchiré leurs cartes de militants FN après avoir annoncé leur départ du parti de Marine Le Pen, à l'issue d'un conseil municipal houleux, lundi 27 octobre.
Marie Da Silva avait rejoint le FN pendant la campagne municipale de celui qui devait devenir le premier magistrat d'Hayange. Limogée par le maire début septembre, elle avait ensuite porté plainte contre Fabien Engelmann, l'accusant de comptes de campagne frauduleux. Les comptes du maire ont effectivement été rejetés par la Commission nationale des comptes de campagne et des financements politiques, vendredi 24 octobre. Ce rejet intervient cependant pour une "erreur technique" sur une facture de 1.575 euros et non pour fraude, a affirmé le maire vendredi.
Auprès de l'AFP lundi, Marie Da Silva a fait part de sa profonde déception vis-à-vis de son expérience de militante frontiste auprès de Fabien Engelmann, détaillant son émotion au moment de déchirer sa carte :
"On les a coupées aux ciseaux. J'avais les larmes aux yeux, parce que je me suis fait avoir. J'ai servi un parti qui cautionne les actions d'un maire qui n'a pas les mains propres.
Quand on rentre à l'intérieur du Front national, dans lequel on a cru, pour lequel on s'est battu, on se rend compte que ce n'est pas mieux qu'ailleurs, peut-être même pire.
"
Elle a également affirmé avoir tiré la sonnette d'alarme quant aux agissements de Fabien Engelmann, sans succès, et dénoncé l'attitude des "cadres du parti" :
"Les cadres n'ont qu'une idée en tête, c'est de monter au sein du parti, et nous, les petits soldats recrutés, on est perdus. [...] Quand on essaie de lancer des bouées pour dire que ça ne va pas, personne ne nous entend.
"
Même désillusion du côté de Patrice Hainry, toujours auprès de l'AFP :
"On n'est pas des moutons.À chaque fois qu'on utilise notre liberté de parole on risque un procès, alors je préfère partir.
"
Fabien Engelmann, toujours officiellement soutenu par le parti, est droit dans ses bottes. Selon ce qu'il a affirmé à l'AFP, ces deux ex-adjoints, qu'il qualifie de "trublions" et d'"apostats", n'ont fait que devancer la procédure d'exclusion qu'il s'apprêtait à demander à leur encontre :
"Grand bien leur fasse. De toute manière j'allais demander rapidement une procédure d'exclusion à l'encontre de Mme Da Silva, qui n'a de cesse de critiquer notre parti et qui ne respecte rien à rien. Je ne pouvais pas garder ces trublions, ces apostats. Depuis qu'ils ne sont plus dans les couloirs de la mairie on travaille dix fois mieux.
"
Après la plainte de Marie Da Silva, dépossédée de ses délégations, Fabien Engelmann l'a attaquée en retour, ainsi que deux autres de ses anciens adjoints, pour diffamation.