ALLEZ, SALUT - Jérôme Lavrilleux était censé être auditionné à 16h ce mercredi 15 octobre par le bureau politique de l'UMP. Mais dans une lettre adressée à Luc Chatel et rendue publique à l'heure de son audition, il annonce au Secrétaire général par intérim de l'UMP qu'il quitte la formation, au moins pour cette année :
"J'ai décidé de reprendre ma liberté en me mettant officiellement en congé de l'Union pour un Mouvement Populaire et de ne pas renouveler mon adhésion pour cette année.
"
Dans cette lettre, le député européen se dit victime d'un "véritable acharnement politique" et d'une procédure de sanction décidée par un Bureau Politique "présidé par un quarteron de Premiers ministres à la retraite", une allusion limpide au "quarteron de généraux en retraite" fustigé par Charles de Gaulle lors du putsch d'Alger, en avril 1961.
Dans un extrait d'interview publiée sur le site de RTL, il affirme que les attaques qui lui sont faites sont personnelles, et nomme François Fillon et Alain Juppé :
"Ceux qui ont engagé cette procédure le font pour des mauvaises raisons, des petites raisons de mesquineries personnelles pour régler des comptes par personnes interposées. Je pense clairement à François Fillon et sans doute à Alain Juppé.
"
A 18h, RTL diffuse une autre partie de l'interview, dans laquelle Jérôme Lavrilleux explique voir dans le bureau politique de l'UMP "un tribunal d'exception" :
"J'ai vraiment l'impression que tout est joué d'avance et que la décision de la semaine prochaine du bureau politique est déjà actée. Je n’accepterai pas que ma famille politique mette en place un tribunal d'exception et qu'on réunisse un peloton d'exécution dans lequel il y a des balles dans chaque fusil.
"
L'ex-directeur adjoint de la campagne de Nicolas Sarkozy en 2012 était suspendu de son parti et sous le coup d'une procédure d'exclusion pour son rôle dans l'affaire Bygmalion. En mai dernier, il reconnaissait pour la première fois des "dérapages" financiers lors de la campagne du président sortant. Bien qu'il parte de l'UMP, il n'abandonne pas son mandat d'eurodéputé.
Fin août, Jérôme Lavrilleux menaçait de "parler" s'il était exclu de l'UMP. Alors qu'il affirme "reprendre sa liberté", reste à savoir si ses menaces seront mises à exécutions. Hier, mardi 14 octobre, il affirmait déjà à l'Express qu'il avait "du mal à imaginer que Nicolas Sarkozy ne connaisse pas le nom de Bygmalion", l'entreprise suspectée d'avoir établi un système de double-facturation pour la campagne de Nicolas Sarkozy pour couvrir des dépenses trop élevées.
Au début du mois d'octobre, trois ex-dirigeants de Bygmalion et trois anciens cadres de l'UMP ont été successivement mis en examen.
[Mis à jour à 18h30 avec nouvelle citation, contexte]