Officiellement, tout va bien entre François Fillon et Nicolas Sarkozy. En coulisses, c'est *un peu* plus compliqué. En témoigne cette anecdote rapportée par Gérard Davet et Fabrice Lhomme dans leur livre Sarko s'est tuer (éd. Stock) et dont L'Obs publie ce mercredi 5 novembre un extrait.
Les deux journalistes racontent un déjeuner organisé entre l'ancien Premier ministre et Jean-Pierre Jouyet, secrétaire général de l'Élysée.
La scène se passe le 24 juin 2014, à un peu moins de trois mois du retour de Nicolas Sarkozy sur le devant de la scène politique. Ce déjeuner – validé par François Hollande à la condition qu'il ne se déroule pas à l'Élysée – a lieu en plein scandale Bygmalion.
Celui qui ambitionne de se présenter à l'élection présidentielle voit dans cette affaire l'occasion de contrecarrer le retour annoncé de Nicolas Sarkozy. Il formule alors une demande à Jean-Pierre Jouyet. Voici ce qu'il dit, selon Gérard Davet et Fabrice Lhomme :
Mais tapez vite, tapez vite ! Jean-Pierre, tu as bien conscience que si vous ne tapez pas vite, vous allez le laisser revenir. Alors agissez !
D'après les deux journalistes, François Fillon "se montre particulièrement sévère s'agissant des pénalités remboursées par l'UMP en lieu et place de Nicolas Sarkozy, sanctionné pour avoir dépassé le plafond de ses dépenses de campagne en 2012". Il ajoute :
Jean-Pierre, c'est de l'abus de bien social, c'est une faute personnelle, l'UMP n'avait pas à payer.
L'Élysée a bien confirmé à Gérard Davet et Fabrice Lhomme la demande très explicite de François Fillon de faire pression sur la justice. Mais la présidence de la République a assuré n'y avoir "évidemment" donné aucune suite.
Le 19 septembre, Nicolas Sarkozy annonçait son retour en politique et sa candidature à la présidence de l'UMP via un message posté sur son Facebook.
Mercredi 5 novembre, en fin de soirée, François Fillon a démenti les informations de Gérard Davet et Fabrice Lhomme. Il écrit dans un communiqué :
Je déments formellement les propos que m'attribuent Gérard Davet et Fabrice Lhomme. J'ai effectivement déjeuné à sa demande avec Jean-Pierre Jouyet qui fut ministre de mon gouvernement. Le procédé qui consiste à me prêter la volonté de m'appuyer sur les plus hautes autorités de l'État pour faire pression sur l'autorité judiciaire est méprisable. La manœuvre est grossière.
François Fillon conclut en soulignant que, pour lui, "le combat politique se mène strictement sur le terrain des idées".
[EDIT 22h08] Ajout démenti de François Fillon