VAS-Y MOLLO - Arnaud Montebourg ne s'en cache pas : la présidentielle est "la seule élection qui [l']'intéresse". Le "citoyen ordinaire" Montebourg a posé les jalons d'une campagne électorale pour une éventuelle primaire à gauche en 2016, en effectuant sa rentrée politique ce week-end à Laudun-l'ardoise. Un "retour" dont la précocité irrite visiblement Jean-Christophe Cambadélis.
Invité d'I>Télé lundi 6 octobre, le premier secrétaire du PS a gentiment brocardé l'ancien ministre de l'Économie, lui recommandant de "prendre son temps" et raillant son départ tardif du gouvernement, au regard de sa critique quasi permanente de la politique de l'exécutif :
Je trouve que quand même il devrait prendre son temps, ça ne fait pas un mois qu'il a quitté le gouvernement. Quand on est au gouvernement, on est solidaire, mais ça ne lui a pas traversé l'esprit de démissionner il y a 6 mois, un an. Je sais pas moi, par exemple le 14 janvier quand le président de la République a fait son inflexion. Il aurait pu sortir, ça aurait eu de la gueule ! Il est resté, il est devenu ministre de l'Économie.
Donc il y a quand même un temps pour tout. Il faut laisser un peu de temps.
[...] Je crois qu'il apprécie les vacances, mais il y a un temps de réflexion, de décence.
Pour Jean-Christophe Cambadélis, il "n'a échappé à personne" que l'ex-ministre est déjà en campagne. Et là encore, le patron des socialistes en place une à son petit camarade :
Je trouve ça paradoxal d'être le chantre de la VIe République, d'être contre le régime présidentialiste, et d'être sans arrêt en campagne.
Mais le flamboyant Montebourg n'est pas le seul à susciter l'ironie de Jean-Christophe Cambadélis. Remarquant que les médias s'étaient beaucoup focalisés sur la réunion de Laudun-l'Ardoise, il rappelle que "ce week-end, il y a eu beaucoup de réunions, un peu partout en France, de courants du PS", notamment celle de Benoît Hamon. "Vous auriez dû vous intéresser aux autres, elles étaient pas mal aussi", commente-t-il, avant de moquer cette petite galaxie de chapelles au sein de la famille socialiste :
Ce week-end, c'était amusant d'un certain point de vue.Chacun faisait son haka dans son petit coin avant que le match commence. Mais le match il va avoir lieu contre la droite et pas contre la gauche.
Et à son sens, cette course à la présidentielle est mauvaise pour la politique :
Ça émiette la politique, ça lui donne un côté people. On tourne autour de la présidentielle. [...] On ne gouverne que deux ans.
[Bonus Track] "La manif pour rien"
Le premier secrétaire du PS est également revenu sur la nouvelle mobilisation de la Manif pour tous, dimanche 5 octobre. "Dans une partie de l'opinion, on refuse toute évolution de la société", a-t-il estimé. Il a également émis des doutes quant à l'utilité d'une telle manifestation :
Ce n'est plus un problème pour le gouvernement, la loi a été votée et ce qui était revendiqué [dimanche] ne sera jamais mis en place par le gouvernement. De ce point de vue, c'était plutôt la manifestation pour rien.
Pour Jean-Christophe Cambadélis, la longueur du débat sur le mariage pour tous a conduit à une "cristallisation" des positions des uns et des autres :
Les positions se sont cristallisées. Cette partie de l'opposition qui est contre le mariage pour tous, qui est vraisemblablement contre le divorce, qui est un peu homophobe pour certains nombre d'entre eux, eh bien ils se sont coalisés, durcis, constitués.
[...] Bien sûr qu'ils sont respectables. Ce sont des Français comme les autres, il ont des opinions, il faut les respecter. Mais il faut aussi intégrer qu'il y a eu un vote et une majorité.