Il dément. Jérôme Lavrilleux, "l'homme par qui le scandale arrive" selon Le Point, est cité en long et en large par l'hebdomadaire, assaisonnant à tout va ses collègues de l'UMP . Laurent Wauquiez ? "Une raclure". Baroin et Juppé ? "Morts de l'intérieur". Mais voilà, patatras, Jérôme Lavrilleux assure ce 3 juin au correspondant de BFM TV à Bruxelles qu'il n'a pas accordé d'interview au Point :
"Je n'ai pas donné d'interview au Point. Je n'ai pas donné d'interview au Point. Vous avez vu une interview ? Vous avez vu que c'était une interview ? Retournez voir et vous me demanderez si j'ai posé [sic] une interview. Vous verrez, je n'ai pas donné d'interview au Point.
"
Pas d'interview, vraiment ? La journaliste au Point Anna Cabana, contactée par le Lab, assure que Jérôme Lavrilleux joue sur les mots :
"Il peut tout à fait dire qu'il n'a pas accordé d'interview au Point. Une interview, c'est des questions réponses formelles. Là, c'est un portrait nourri de confidences. Il est venu me chercher à la gare, il m'a emmenée dans un restaurant et on y a passé quatre heures.
"
Jérôme Lavrilleux ne peut donc pas formellement dire qu'il n'a pas rencontré Anna Cabana, qui nous assure également avoir pris des notes devant lui, alors qu'il lui parlait. En vérité, Jérôme Lavrilleux adopte la même réaction qu'une certaine Ségolène Royal, à qui les journaux ont prêté des déclarations fracassantes ces dernières années.
Voyez plutôt :
> Septembre 2011 : "Je n'ai donné aucune interview au Figaro"
"Je n'ai donné aucune interview au Figaro". Voilà ce que répond Ségolène Royal en septembre 2011 alors qu'en pleine primaire socialiste, les propos de l'ancienne candidate à la présidentielle surprennent (et c'est un euphémisme) :
"Le point faible de François Hollande, c'est l'inaction. Est-ce que les Français peuvent citer une seule chose qu'il aurait réalisée en trente ans de vie politique ? Une seule ? (...) Martine Aubry, sa seule expérience électorale, c'est une législative perdue en 2002. Passer de rien à une campagne présidentielle, ce n'est pas facile.
"
> Septembre 2013: "Je ne lui ai pas donné d'interview"
Deux ans plus tard , même faux-démenti de Ségolène Royal. Après avoir déclaré au Point (encore lui !) que Martine Aubry lui a "pillé" ses idées, après avoir vendu son propre "charisme" et son "aura", l'ancienne présidente de la région Poitou-Charentes n'assume plus du tout ses propos tenus auprès de Charlotte Chaffanjon :
"Bien sûr que je l’ai vue, mais je ne lui ai pas donné d’interview!Il y a des règles dans le journalisme, on donne des interviews – oui ou non – on relit ses interviews, et d’ailleurs elle-même a bien dit qu’elle ne m’avait pas sollicité et que je ne lui avais pas donné d’interview.
"
> Mai 2014: "Je n'ai pas donné d'interview en tant que telle"
Même propos détonnants, même rétropédalage royal. En mai 2014 , après avoir traité certains de ses collègues ministres de "machos", voilà ce que déclare pour s'expliquer Ségolène Royal, interrogée sur le perron de l'Elysée :
"Je n’ai pas donné d’interview en tant que telle. Il y a des discussions entre ministres, des discussions franches. Contrairement aux insinuations que tel ou tel article de presse voudrait avancer, je voudrais vous dire que nous sommes très solidaires.
"