Non, elle ne l'a pas dit. Ou plutôt, ce n'était pas censé être publié. Depuis la parution dans Le Point du 5 septembre d'un portrait de Ségolène Royal dans lequel l'ancienne candidate à la présidentielle se vante de son charisme, accuse Martine Aubry d'avoir "pillé" ses idées et critique la présidence de l'Assemblée par Claude Bartolone [> une récap', par ici ], la principale concernée est en opération déminage.
Et la riposte se base, non pas sur le fond de ses propos, mais sur la frontière entre on et off. Elle développe longuement dans une interview vidéo accordée - en on cette fois - à France 3 Poitou-Charentes le 5 septembre.
Ségolène Royal a effectivement discuté avec la journaliste mais elle dément les propos rapportés ... car elle n'a pas autorisé leur publication :
"Bien sûr que je l’ai vue, mais je ne lui ai pas donné d’interview!
Il y a des règles dans le journalisme, on donne des interviews – oui ou non – on relit ses interviews, et d’ailleurs elle-même a bien dit qu’elle ne m’avait pas sollicité et que je ne lui avais pas donné d’interview.
Donc présenter un article avec des propos entre guillemets en faisant croire que je lui ai donné une interview …
"
L'article de Charlotte Chaffanjon n'est pas une interview à proprement parlé, alternant questions et réponses, mais un portrait intégrant de nombreuses citations de Ségolène Royal, semblables à des confidences. Un exercice très traditionnel, particulièrement dans la presse magazine. La journaliste ne précise pas si la discussion était censée être off the record.
Les réflexions lancées en off par des responsables politiques, pas forcément très aimables à l'égard de leurs camarades, sont aussi monnaie courante mais se retrouvent généralement distillées dans différents papiers. Ségolène Royal ne devait pas s'attendre à ce qu'un article entier soit consacré à ses confidences.
Bref, la pilule ne passe pas. Lorsque la journaliste de France 3 lui demande si Charlotte Chaffanjon a tout inventé, Ségolène Royal répond simplement :
"Je n’ai pas donné d’interviews, vous êtes journalistes, vous connaissez les règles.
"
Et en profite pour décrire l'image qu'elle tente de donner aux Français, soit celle d'une femme "au dessus des clivages" :
"Voir se dégrader la parole politique dans des petites phrases alors même qu’il y a une rentrée politique très réussie à la La Rochelle, j’ai fait un beau discours sur l’unité et sur le rassemblement.
Qui peut penser que c’est crédible qu’on puisse me prêter des propos désobligeants ? (...)
Quel serait mon intérêt d’aller dégrader la parole publique dans une phase de rassemblement, d’idées neuves, de réussite de la rentrée de La Rochelle, dans une phase de succès d’un livre que j’ai écrit sur le courage, dans une phase où je rassemble, où je suis au dessus des clivages... quel serait mon intérêt ?
Ca dérange peut-être certains que je sois dans cette dynamique de rassemblement. Je ne me situe pas à ce niveau de médiocrité
"
De son côté, la journaliste du Point dit maintenir ses citations "à 200%" :
"Je maintiens à 100%, à 200%. Après ça fait peut-être partie du jeu aussi, je ne sais pas. Elle n'est pas contente parce qu'elle n'a pas relu les propos.
"
>> L'intégralité des explications de Ségolène Royal est à retrouver par ici .
Ce n'est pas la première fois que Ségolène Royal revient sur un article que Le Point lui consacre. En juillet 2012, elle démentait des propos concernant Najat Vallaud-Belkacem: "elle s'appellerait Claudine Dupont, elle ne serait peut-être pas là ".
Ségolène Royal avait, dans un communiqué, estimé que les propos lui faisaient dire "le contraire" de tout ce qu'elle avait "toujours affirmé".