L'argumentation point par point de Jérôme Lavrilleux pour ne pas être exclu du PPE au Parlement européen

Publié à 11h51, le 06 novembre 2014 , Modifié à 12h09, le 06 novembre 2014

L'argumentation point par point de Jérôme Lavrilleux pour ne pas être exclu du PPE au Parlement européen
© MaxPPP

DANS LE DÉTAIL - Jérôme "grenade dégoupillée" Lavrilleux n'est donc plus membre de l'UMP. L'ancien directeur adjoint de la campagne de Nicolas Sarkozy en 2012 et bras droit de Jean-François Copé a été formellement exclu du parti mardi 4 novembre. Mais que va-t-il advenir désormais du député européen Lavrilleux ?

Tête de liste UMP dans la circonscription Nord-Ouest, Jérôme Lavrilleux a rejoint le groupe du Parti populaire européen (PPE, droite, majoritaire) après son élection compliquée en mai dernier. Et il entend bien en rester membre. À Strasbourg, il joue d'ailleurs la carte du bon élève : assidû, dévoué, sérieux. Bref : irréprochable. Ce qui lui attire la sympathie d'un grand nombre de ses collègues, comme le racontent L'Obs ou Libération.

Problème : Alain lamassoure, chef de file de la délégation française au PPE, souhaite l'exclure du groupe, comme le révélait Le Lab au mois de juillet. Une exclusion qu'il justifiait alors ainsi :

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Je souhaite que les procédures soient respectées et selon les procédures et le statut du parti populaire européen, quelqu'un qui n'est plus membre d'un parti constitutaire (l'UMP, ndlr) n'est plus membre du PPE.

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Exclu de l'UMP, Jérôme Lavrilleux ne pourrait plus appartenir au PPE, selon cette version. Une argumentation que l'entourage de l'eurodéputé conteste formellement auprès du Lab, brandissant le règlement intérieur du groupe PPE. Voici ce que stipule l'article 3 de ce texte :

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Sont membres du Groupe les membres élus au Parlement européen sur les listes des partis membres du Parti Populaire Européen.

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Nulle mention d'appartenance à un parti national, donc. Pour faire partie du PPE, il suffit d'avoir été élu sur une liste d'un parti membre du PPE. Et pour cela, aucune obligation d'être encarté. "Il y a différentes jurisprudences concernant d'autres eurodéputés, et l'article 3 a toujours été respecté. Nous demandons le même respect pour Jérôme Lavrilleux", explique au Lab l'un de ses proches.

Aujourd'hui, Alain Lamassoure semble avoir *un peu* modifié son argumentaire. Au Lab, il explique désormais : "On ne s'appuiera pas là-dessus mais sur l'article 7 du règlement", qui concerne l'exclusion d'un membre par un vote à bulletin secret de l'Assemblée plénière du groupe.

Il ajoute :

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J'ai toujours dit que je suivrai la décision du bureau politique de l'UMP. Ce dernier a pris sa décision et nous devrions très rapidement recevoir une lettre de l'UMP annonçant la décision et demandant au PPE de faire de même. Je ne peux pas faire autrement que de suivre la position de l'UMP et d'enclencher la procédure.

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Mais au-delà des bisbilles techniques, la défense de l'eurodéputé est profondément politique. Elle tient en 3 points.

# 1 : la délégation française est "majoritairement favorable" à Lavrilleux

Pour ce proche de Jérôme Lavrilleux, "le PPE a un fonctionnement que nous espérons beaucoup plus démocratique que l'UMP. On n'exclut pas quelqu'un comme ça, de manière putschiste comme à l'UMP. Il faudra demander l'avis de la délégation française, puis passer par un vote au sein du groupe PPE".

Or, selon ses calculs, au moins onze, "peut-être 12 ou 13" des 20 eurodéputés PPE français seraient "absolument favorables" à Jérôme Lavrilleux. Selon lui, la majorité s'opposerait donc à son exclusion.

Alain Lamassoure ne conteste pas formellement : "Si la délégation française s'oppose à son exclusion, la procédure s'arrêtera". En revanche, les manières de Jérôme Lavrilleux ne lui plaisent que moyennement :

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Il parle beaucoup, il dit beaucoup de choses, il s'exprime beaucoup au nom des autres. Nous verrons dans quelques jours. On ne sait pas vraiment qui est favorable ou non.



Mais ces déclarations et ces menaces tous azimuts, ça peut en impressionner ou en inquiéter certains.

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# 2 : "l'intérêt de la délégation"

Perdre un membre serait très préjudiciable pour la délégation française, poursuit-on du côté de l'équipe Lavrilleux :

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S'il est viré, la délégation passe de 20 à 19 membres. Or, les postes, les enveloppes financières, les surfaces de bureaux, etc, sont répartis en fonction du nombre de membres, souvent par tranche de 10 membres.



On a déjà une faible représentation, mais en plus on changerait de tranche. La délégation va donc perdre non seulement des postes, mais aussi des choses toutes bêtes comme de la surface de bureaux.

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Ce proche de l'eurodéputé invite donc tout le monde à prendre en compte "l'intérêt de la délégation" avant de décidé d'exclure qui que ce soit. "La délégation française a tout à perdre en l'excluant", martèle-t-il.

Complètement faux, rétorque Alain Lamassoure :

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Ça fait partie des nombreux écrans de fumée qu'il déploie. Ça ne correspond à aucune réalité. Le seuil de 20 n'est pas un seuil.

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Au vu des effectifs des autres délégations du PPE, seule une perte de 4 ou 5 membres impacterait réellement la délégation française. "20 ou 19, ça ne change rien", tranche Alain Lamassoure.

# 3 : les ambitions personnelles de Lamassoure

Ce point-là est un peu plus malicieux : "Alain Lamassoure veut être élu président du Parlement européen dans deux ans et demi. Il ne peut pas se permettre de perdre une voix", explique, faussement innocent, l'entourage de Jérôme Lavrilleux.

D'autant que l'eurodéputé l'a répété : il ne démissionnera pas du Parlement européen. Il devrait donc rejoindre un autre groupe, ou les non-inscrits. Or, "le PPE n'a qu'une majorité relative et pas absolue. Chaque membre est donc important."

Surtout, le paria de l'UMP aurait déjà reçu des propositions alléchantes émanant des conservateurs britanniques. "Il les a refusées, sa volonté est de rester au PPE". Mais s'il en était exclu... "Le PPE perdrait un membre mais en plus le donnerait à un autre groupe", avance ce proche.

Alain Lamassoure répond que tout cela "ne rentre vraiment pas en ligne de compte" :

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C'est grotesque. ce qui me motive, c'est l'image donnée vis-à-vis de nos électeurs.

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Amusé, il conclut:

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Je risquerais de perdre beaucoup plus de voix si je ne faisais rien après la décision de l'UMP.

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Du rab sur le Lab

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