L'institut pour la petite enfance Boris Cyrulnik avait ouvert ses portes à Béziers le 31 janvier dernier. Neuf mois plus tard, le centre va fermer ses portes, rapporte Le Midi Libre mercredi 1er octobre. C'est la conséquence directe selon le neuropsychiatre et ses collaborateurs de l'élection de Robert Ménard, en mars dernier, à la mairie.
Citée par le quotidien régional, l'une des collaboratrices de Boris Cyrulnik, Laurence Rameau, explique pourquoi cet institut est incompatible avec une mairie Front national :
"Les parents de Boris Cyrulnik sont morts dans un camp d'extermination nazi quand il avait 5 ans. Lui a réussi à s'échapper alors qu'il avait été arrêté sur Bordeaux. Il raconte d'ailleurs tout cela dans son livre 'Sauve-toi, la vie t'appelle'. Vous comprenez bien qu'un IPE Boris Cyrulnik est difficilement compatible avec le régime politique de la ville de Béziers.
"
Une version que confirme Boris Cyrulnik lui-même, même si la décision de fermer l'établissement a, dit-il, été prise "avant les résultats des élections municipales à Béziers". Il ajoute :
"Le fait que la mairie soit devenue FN nous a conforté dans notre décision de partir. Je partage entièrement les réponses de madame Rameau. Ce qu'elle a dit est totalement vrai.
"
Un autre institut reste en revanche ouvert à Cholet, ville dirigée par l'ancien UDI Gilles Bourdouleix. En août, ce dernier a été condamné en appel à 3.000 € d'amende pour apologie de crimes contre l'humanité. Lors d'une altercation avec des gens du voyage, le maire avait estimé qu'Adlof Hitler "n’en avait peut-être pas tué assez".
Une information qui n'a pas échappé à Robert Ménard. Le maire de Béziers - élu avec le soutien du Front national mais non-encarté FN - dénonce les propos de Laurence Rameau et parle de "diffamation". Il ajoute :
"Faire un parallèle entre le soutien du FN à ma municipalité et la mort en déportation des parents de monsieur Cyrulnik est de la plus haute gravité. Notez que, dans le même temps, l’IPE reste à Cholet alors même que son maire a été condamné pour apologie de crime contre l’humanité pour ses propos sur Hitler et les tziganes ! Je suis donc persuadé que l’étiquette politique est un prétexte.
"
Robert Ménard précise qu'il se réserve "le droit de porter plainte".
Mercredi 1er octobre, Boris Cyrulnik revient sur ses propos. Dans une tribune publié sur Le Plus, il dément partir à cause de l'élection de Robert Ménard. "L'an passé, nous avons été invités par le maire de Montpellier à nous installer chez lui. Proposition que nous avons acceptée. Les élections municipales n'avaient pas encore eu lieu, Robert Ménard n'était donc pas encore maire de Béziers", écrit-il. Il ajoute :
"Aujourd'hui, nous honorons notre engagement envers Montpellier, rien de plus. Il ne faut pas interpréter notre départ comme un rejet du mandat de Robert Ménard.
"
Il précise cependant qu'il n'est pas un "amoureux du Front national" et que "le fait qu'un maire FN soit aujourd'hui à la tête de Béziers ne [l]'y retient pas particulièrement".
[EDIT 18h] Ajout déclarations de Boris Cyrulnik sur Le Plus.