Le multiplex politique du 2 novembre avec Bayrou, Bertrand, Sapin et Wauquiez

Publié à 17h17, le 02 novembre 2014 , Modifié à 21h10, le 02 novembre 2014

Le multiplex politique du 2 novembre avec Bayrou, Bertrand, Sapin et Wauquiez
Laurent Wauquiez, Xavier Bertrand, François Bayrou et Michel Sapin © Toutes photos Reuters - Montage Le Lab

#MULTIPLEXPOLITIQUE - Au programme des interviews dominicales du 2 novembre, François Bayrou dans C politique, Michel Sapin dans Tous politiques, Laurent Wauquiez dans Le Grand jury et Xavier Bertrand dans BFM politique.

Comme chaque dimanche, Le Lab se plie en quatre pour suivre ces différentes interviews politiques et vous en propose ses morceaux choisis au fur et à mesure de la soirée.

>> François Bayrou



# "Président équilibré"

L'expression "président normal" ne plaît pas à François Bayrou. Il lui préfère celle de "président équilibré" :

J'ai toujours trouvé que l'expression 'président normal' était inadaptée. Je préfère celle de 'président équilibré', qui montre qu'on n'est pas dans la folie du pouvoir, que tout doit plier devant vous, et pas non plus dans la posture du spectateur. Et je crois que cet équilibre, s'il est difficile à trouver, est cependant indispensable.

# Pas d'anti-sarkozysme !

L'ancien candidat à la présidentielle a réservé quelques critiques à Nicolas Sarkozy, même s'il ne veut pas se "spécialiser dans l'anti-sarkozysme" :

Je ne sais pas ce que propose et ce que proposera Nicolas Sarkozy. Je sais ce qu'il a fait, nous nous sommes affrontés sur des choses fondamentales et je ne regrette pas de l'avoir fait. Il y avait des dérives et en même temps une absence de vision claire de l'avenir dont nous avons souffert. J'ai plus de points d'interrogation que de points d'exclamation au sujet de Nicolas Sarkozy.



Je n'ai pas envie de me spécialiser dans l'anti-sarkozysme. J'ai été un adversaire, on a été en confrontation. Mais il était au sommet. Je n'ai pas attendu, comme un certain nombre de ses camarades, qu'il ait perdu le pouvoir pour le critiquer.

# Hollande et le "mandat des occasions manquées"

Le maire de Pau n'en a pas qu'après l'ancien président de la République. L'actuel locataire de l'Élysée a également été pris à partie par François Bayrou, qui a fustigé le "mandat des occasions manquées" de François Hollande :

C'est le mandat des occasions manquées. François Hollande avait une situation qui est relativement rare : il avait la majorité à l'Assemblée nationale et au Sénat, il venait d'être élu, les grandes régions et grandes villes étaient toutes avec lui, il avait des atouts considérables. Et il n'en a rien fait. Pour une raison qui me paraît forte et de laquelle je ne comprends pas qu'il ne se soit pas sorti : il a traité la fonction présidentielle comme si c'était une fonction de politique électorale et partisane, et pas comme ce qu'elle est en réalité : une fonction historique. 



Quand vous ne changez pas les choses, que vous fixez des objectifs - sur le chômage en particulier, sur la santé économique du pays, sur les déficits - et que vous n'en tenez aucun et que l'opinion vous juge avec une si grande sévérité, bien sûr que c'est un échec. Mais je n'aime pas employer des mots excessifs.

Et François Bayrou répète qu'il ne voit qu'une issue pour François Hollande, la dissolution :

François Hollande est en difficulté dans la fonction et je ne vois pas comment il va se redresser. [...] Il n'entraîne pas, il ne fédère pas et il ne clarifie pas. Ces trois impératifs sont aujourd'hui hors d'atteinte pour François Hollande.

>> Michel Sapin

# Sivens et les "groupes anarchistes ultra-violents"

Le ministre des Finances est revenu sur la mort de Rémi Fraisse, jeune opposant au projet de barrage contesté de Sivens (Tarn). Et s'il considère que "l'émotion est légitime", il "condamne la violence", ciblant des "groupes anarchistes ultra-violents" :

La violence est totalement insupportable. La violence de départ. Parce que c'est la violence qui est la cause de la mort de ce jeune home. La violence voulue par certains. Ça n'est pas du côté des forces de l'ordre que vient la violence, c'est du côté de ceux qui ne partagent même pas la cause écologique, qui est parfaitement légitime.



[...] Ce n'est pas une violence sociale, c'est inexact. Vous savez très bien ce qui est à l'origine de ces violences, ce sont des groupes anarchistes ultra-violents qui se déplacent en Europe, qui vont un coup sur le Lyon-Turin, un coup sur l'aéroport de Nantes, et qui sont dans la violence.

# Des chèques avec "plusieurs zéros derrière"

Michel Sapin a annoncé une augmentation sensible du nombre d'agents chargés de recevoir les demandes d'exilés fiscaux souhaitant régulariser leur situation. Du simple au triple :

On pensait au début que quarante personnes suffiraient. L'année prochaine, il y en aura plus de 100. Je pense qu'on va aller vers 120 personnes.

Le gouvernement espère que la lutte contre la fraude et l'optimisation fiscale générera 900 millions d'euros de recettes supplémentaires pour l'État en 2015. Michel Sapin le dit avec des mots *un peu* plus explicites :

[Cette augmentation du nombre de fonctionnaires] paraît petite, mais les chèques qui sont signés ont plusieurs zéros derrière et ça va très vite nourrir les 900 millions de revenus de la lutte contre la fraude fiscale.

# Le million, le million !

Interrogé sur l'éternelle question des contreparties, en termes d'emplois, garanties par le patronat en échange des allègements de charges permis par le gouvernement, Michel Sapin lance d'abord, mi-agacé, mi amusé :

Le gosplan, c'est terminé depuis des années et des années.

La référence à la planification économique de l'ex-URSS fait bondir les journalistes qui l'interviewent. "Non, non, non ! Le gosplan, c'est un peu facile", lui rétorque l'un ; "les auditeurs attendent" ces précisions, ajoute une autre. Pressé de questions sur les engagements du Medef de Pierre Gattaz, le ministre finit par lâcher :

Un million ! Il avait un pin's à un million, qu'il tienne sa promesse à un million !

# Passion synonyme

Jeudi 6 novembre, François Hollande donnera une interview à la télévision. Une intervention qui marquera la mi-mandat pour le chef de l'État. Et pour commenter la politique du gouvernement, Michel Sapin ne manque pas de synonymes afin de bien faire comprendre que tout l'exécutif est mobilisé en permanence :

Il y a un gouvernement qui est là dans l'action. La seule chose qui compte, c'est l'action, être dans l'action, être au boulot, être à la manette, être dans le mouvement.

Et d'ajouter : "La seule chose qui, pour moi, compte par rapport à ce mi-mandat, c'est pas tant ce qu'on a fait au cours des deux dernières années - je pense qu'on a fait le travail sans les résultats qu'on escomptait parce qu'il y a un contexte de croissance qui est beaucoup trop faible - mais c'est ce qui est devant nous. Et là, il faut pas mollir, on doit continuer".

>> Laurent Wauquiez



# La "trahison" de Royal

Le député UMP est lui aussi revenu sur la mort de Rémi Fraisse, critiquant tout d'abord la lenteur du gouvernement à s'exprimer. "La parole de compassion a mis beaucoup trop de temps à venir", a-t-il estimé. Mais il a surtout vertement tancé Ségolène Royal, qui a estimé ce dimanche qu'il y avait eu "une erreur d'appréciation" sur le dossier du barrage de Sivens.

Une "erreur" et une "grave défaillance" pour Laurent Wauquiez, pour qui cela revient à "capituler" devant ceux qui "sont dans la violence" :

Ce que j'ai à reprocher, c'est une défaillance de l'exécutif sur ces questions. Ségolène Royal s'est prononcée contre la pertinence du projet. Où est-ce qu'on va ? Ça signifie quoi ? Une ministre de la République donne raison à ceux qui sont dans la violence. Je ne me prononce même pas sur la pertinence du projet. Ce que je vois, c'est qu'il y a des manifestations violentes et dans la foulée, on a une ministre qui capitule en rase campagne. 



[...] Quand vous donnez le sentiment qu'une minorité active l'emporte sur une majorité silencieuse, que quand on est dans la violence on peut avoir gain de cause, qu'au fond l'État et le pays n'est plus tenu, il y a une crise de l'autorité républicaine qui est en train de s'installer dans ce pays.

Alors que son interlocuteur lui demande s'il considère que Ségolène Royal a "trahi" la parole du gouvernement, il répond : "Vous apportez de l'eau à mon moulin".

# Un référendum sur le mariage pour tous

L'élu de la Haute-Loire s'est également exprimé sur sa divergence de vues avec Nicolas Sarkozy sur le sujet du mariage pour tous. Alors que l'ancien président de la République n'a pas été totalement clair sur la question, indiquant simplement vouloir "revenir" sur le texte afin, selon lui, de ne pas ouvrir la voie à la GPA et à la PMA, Laurent Wauquiez, lui, tient une position beaucoup plus ferme :

Personnellement, je souhaite qu'on aille plus loin. Je n'ai pas changé d'avis, je suis pour l'abrogation.

Souhaite-t-il pour cela un référendum ? "C'est une solution qui me semble être une vraie voie à explorer", a-t-il répondu, "à condition que ça ne conduise pas à du délire et que cela ne donne pas lieu à une campagne qui exacerberait les tensions." Xavier Bertrand, lui, propose une "consultation des adhérents" de l'UMP sur le sujet.

>> Xavier Bertrand



#SOUTINE

Contrairement à Laurent Wauquiez, très virulent sur la gestion du dossier Sivens par l'exécutif, l'ancien ministre du Travail de Nicolas Sarkozy a tenu à exprimer sa solidarité avec le gouvernement, confronté à des manifestations qui dégénèrent :

Je soutiens la fermeté du gouvernement. Manifester, c'est un droit, un droit reconnu par la Constitution, mais seulement on ne vient pas manifester avec l'intention de casser, on ne vient pas manifester avec le visage camouflé, cagoulé. Ceux-là veulent mettre en cause l'autorité de l'État [...]. Les sanctions doivent être immédiates, très dures, très fermes. [...] Je suis aux côtés du gouvernement pour rappeler que l'ordre et l'autorité ne se négocient pas en France.

Xavier Bertrand faisait référence aux manifestations en mémoire de Rémi Fraisse. À Nantes et Toulouse samedi, des affrontements violents ont eu lieu avec les forces de l'ordre. Ce dimanche, des milliers de personnes se sont recueillies dans le calme mais les forces de l'ordre ont dû intervenir pour contenir une manifestation illégale dans l'est parisien où elles ont procédé à près de 80 interpellations.

# Suivez mon regard

Pour le maire de Saint-Quentin, "une partie importante des leaders de la droite" se contentent de miser sur l'impopularité et l'échec de François Hollande plutôt que d'établir une véritable stratégie et un véritable projet. Ce qui constitue, à son sens, un "danger sans pareille" :

En France, on a toujours tendance à se dire : c'est parce que l'autre est mauvais qu'on sera élu.

Un état d'esprit symbolisé par "le mensonge du départ" du mandat de François Hollande : "Sortez Nicolas Sarkozy, tout ira mieux." Mais il juge "évidemment" que sa famille politique n'en est pas exempte, même s'il prend soin de ne nommer personne.

# C'est compliqué tout ça

BFMTV fait écouter à Xavier Bertrand un extrait d'un meeting de Nicolas Sarkozy, dans lequel le candidat à la présidence de l'UMP laisse entendre que certains de ses ministres l'ont freiné au cours de son mandat, alors qu'il voulait aller plus loin sur certaines réformes. "Je ne l'ai pas exactement vécu comme ça", rétorque l'ancien ministre, qui estime que Nicolas Sarkozy réécrit "en partie" l'histoire :

Dès 2008 avec Éric Woerth sur les retraites, nous proposons d'aller plus loin que la réforme. [Nicolas Sarkozy et François Fillon] nous on dit : 'Mais on ne l'a pas dit pendant la campagne'.

Et que pense-t-il de l'argument de François Fillon, qui estime lui aussi avoir parfois été bridé par le chef de l'État de l'époque ? Réponse amusée :

C'est trop compliqué pour moi.

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