Pour Bruno Le Roux, Jouyet n’a pas menti mais a eu "une réaction de protection de la nature véritable" du déjeuner avec Fillon

Publié à 10h47, le 12 novembre 2014 , Modifié à 10h48, le 12 novembre 2014

Pour Bruno Le Roux, Jouyet n’a pas menti mais a eu "une réaction de protection de la nature véritable" du déjeuner avec Fillon
Bruno Le Roux sur RFI. © Capture d'écran.

Comment expliquer que Jean-Pierre Jouyet n’a pas menti en changeant sa version du déjeuner de juin 2014 avec François Fillon ? Tel est l’art délicat de la défense du secrétaire général de l’Elysée par des membres de la majorité. Ce que Bruno Le Roux, ce mercredi 12 novembre sur RFI, à l’instar de Julien Dray avant lui, déroule en deux temps.

1. Justifier le changement de version

Tout d’abord, expliquer que le secrétaire général de l’Elysée n’a pas menti mais a voulu "protéger" François Fillon. Le patron des députés socialistes, qui répète que le sujet Bygmalion n’a pas pu ne pas être évoqué puisqu’il était "dans toutes les conversations à ce moment-là", assure ainsi :

Dans un premier temps, compte tenu des propos qui ont dû être tenus à ce déjeuner, il a cherché à épargner Monsieur Fillon.

"Je pense qu’il a voulu protéger la nature de l’échange qu’ils avaient eu, ce qui s’appelle la courtoisie républicaine, et puis après il a été obligé d’assumer la réalité des choses", avait argué dans le même sens Julien Dray.

Jean-Pierre Jouyet lui-même ne dit pas autre chose, selon des propos rapportés par Le Canard Enchaîné de ce mercredi 12 novembre. "J’ai d’abord démenti les révélations du livre (de Gérard Davet et Fabrice Lhomme) pour protéger Fillon", assure ce proche de François Hollande débarqué à l’Elysée début avril. Qui poursuit :

Il (Fillon, ndlr) m’a aussitôt enfoncé. Alors qu’il sait très bien que tout ce que j’ai raconté sur ce déjeuner est vrai.

Cela dépend de quelle version il parle.

2. Jouer avec les mots

Oui, certes, Jean-Pierre Jouyet a fait évoluer sa version des faits et du contenu du déjeuner qu’il a partagé, en juin, avec François Fillon. Mais non, le secrétaire général de l’Elysée n’a pas menti. "On peut bien imaginer que dans ce genre de déjeuners il ne se dit pas que des choses agréables", développe Bruno Le Roux qui dit faire "confiance" à Jean-Pierre Jouyet. L’important pour lui est, qu’après, Jean-Pierre Jouyet a "ensuite dit les choses qui s’étaient passées réellement".

Pas un mensonge, donc, selon le député de Seine-Saint-Denis qui justifie ces arrangements avec la réalité :

Je n’appelle pas ça un mensonge mais une réaction de protection de la nature véritable (de l’échange entre Jouyet et Fillon, ndlr). Ce n’est pas un mensonge parce qu’il n’y avait aucune volonté ni de mettre en difficulté, ni de nuire.

"Il y a une maladresse, concède Bruno Le Roux qui ne voit pas pourquoi, dans ces conditions, Jean-Pierre Jouyet démissionnerait, comme l’ont même demandé certaines voix socialistes. Cette conversation n’avait aucune portée publique puisqu’elle n’a donné lieu à aucune décision ni à aucune intervention." Un argument qu'il répète à satiété pour dédouaner le secrétaire général de l'Elysée.

[BONUS] Méfiez-vous des journalistes

Interrogé sur le fait que Jean-Pierre Jouyet avait confirmé aux journalistes du Monde ce fameux déjeuner, Bruno Le Roux a mis en garde :

Je conseille toujours à ceux sont auprès de moi de se méfier des contacts trop fréquents avec les journalistes. J’essaye d’être toujours en "on".

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