Ça gronde chez Hervé Mariton et Bruno Le Maire sur fond d'organisation de l'élection à la présidence de l'UMP. Selon les informations du Lab, la Haute autorité de l'Union, instance chargée de chapeauter notamment ce scrutin, a décidé de ne pas départementaliser les résultats le 29 novembre. Un seul résultat global national sera ainsi disponible. Pour le détail du scrutin département par département, il faudra repasser.
La départementalisation des résultats permet de repérer d'éventuelles irrégularités, comme un nombre suspect de votants mobilisés dans certaines fédérations (l'UDI en sait quelque chose). C'est ce qui avait par exemple permis de pointer de fortes anomalies lors de l'élection de 2012 à l'UMP.
Le détail des scores des candidats dans chaque zone permettrait également de scruter la performance de Nicolas Sarkozy à la loupe, glisse-t-on innocemment chez Hervé Mariton : "on verrait chez qui il a fait moins de 50% par exemple."
Le sujet a été abordé lors de la réunion hebdomadaire de la Haute autorité avec les représentants des candidats le 28 octobre, la team Mariton demandant à ce qu'un détail par fédération soit rendu possible. L'équipe Le Maire se rallie alors à cette idée - "une question de transparence" - tandis que le camp Sarkozy suit le mouvement. "Nous sommes d'accord avec tout ce qui est proposé", explique alors son équipe à L'Express. Des participants rapportent une toute autre version, soulignant que les sarkozystes auraient préféré s'en passer.
Les représentants des candidats adoptent cependant une position consensuelle. Tous se quittent en se promettant d'en reparler la semaine suivante, la Haute autorité étant censée réfléchir à sa faisabilité d'ici là.
Deux jours plus tard, l'instance présidée par Anne Levade fait pourtant déjà part de sa décision unilatérale aux candidats. Ce sera niet.
Dans un document que le Lab a pu consulter, la Haute autorité explique que la mise en place de la départementalisation des résultats "ferait peser un risque excessif sur le respect du calendrier de la préparation du scrutin", la liste électorale devant notamment être modifiée pour intégrer la fédération de rattachement des électeurs.
L'instance soulève également un risque de mise en cause du secret du scrutin dans le cas de fédérations "au très faible nombre d'électeur". Ces fédérations devraient alors "faire l'objet d'un traitement distinct". Autant de modifications techniques à cause desquelles l'instance préfère s'en tenir à un décompte "sur une base nationale". La départementalisation coûterait également 12.000 euros de plus à l'UMP.
"On cache les contentieux possibles. Comment se plonger dans le détail des résultats dans ces conditions ?", s'étrangle-t-on chez Hervé Mariton. L'équipe de Bruno Le Maire est tout aussi remontée :
Ça aurait dû être prévu dans le cahier des charges dès le départ, toutes les élections se déroulent ainsi. Les résultats par département vont dans le sens de la transparence, et c'est tout ce qu'on demande pour cette campagne. On le doit aux militants après ce qu'il s'est passé en 2012 pour la tête de l'UMP !
Un participant aux discussions avec la Haute autorité suspecte un "lobbying des équipes de Sarkozy". Celles-ci auraient poussé pour en rester à de simples résultats nationaux, non détaillés. Ou peut-être faut-il y voir une volonté de la Haute autorité "de ne pas faire apparaitre des problèmes potentiels", avance-t-il en seconde hypothèse. Un autre observateur considère en revanche que l'ancien président veut rester le plus éloigné possible de l'organisation du scrutin, afin que rien ne lui soit reproché. Son équipe n'a pas encore répondu aux sollicitations du Lab.
Les discussions ont déjà commencé avec la Haute autorité pour revenir sur cette décision.