PASSION PRONO - Nicolas Sarkozy n'était *pas franchement* favorable à la tenue d'une primaire pour désigner le candidat de la droite à la présidentielle de 2017. Durant sa campagne pour reprendre la tête de sa "famille politique", l'ex-chef de l'État a néanmoins dû se rallier à l'idée : promis, primaire il y aura. "Ouverte" qui plus est, même s'il reste à définir à quel point (qui pourra voter et qui pourra se porter candidat ?).
L'un de ses premiers gestes, en tant que successeur de Jean-François Copé, aura même été de rassurer tout le monde à ce sujet, en confiant l'organisation de ce scrutin à Thierry Solère, député UMP et proche de Bruno Le Maire, fervent défenseur de l'idée de la primaire. Pour la première fois de son histoire, la droite française laissera donc aux électeurs le soin de désigner leur champion pour reconquérir l'Élysée. Comme le PS l'avait fait en 2011. C'est d'ailleurs par une comparaison avec le Parti socialiste que Thierry Solère pronostique le futur succès de ce processus de sélection.
Dans une interview au Figaro, mardi 3 décembre, l'élu des Hauts-de-Seine prend les paris et assure que l'UMP (qui aura changé de nom d'ici-là) fera mieux que le parti de la rue de Solférino en termes de participation. Il explique :
"2,5 millions de personnes se sont déplacées pour la primaire socialiste. Nous ferons mieux ! Je suis persuadé que les républicains qui souhaitent l'alternance, après cinq ans de gestion calamiteuse de la gauche, se mobiliseront massivement en 2016 pour désigner un représentant unique à la présidentielle.
"
Au premier tour, 2.661.231 personnes avaient en effet voté pour départager les Hollande, Aubry, Royal, Montebourg, Valls et Baylet. Au second tour, la participation avait grimpé à 2.860.157 votants. Un "succès démocratique" unanimement salué à l'époque et qui servira immanquablement d'étalon à l'heure des comptes, en 2016. Thierry Solère n'est d'ailleurs pas le premier, à l'UMP, à prendre en exemple les chiffres de la primaire socialiste. Au mois d'octobre, c'est François Fillon qui exprimait son souhait de voir "deux ou trois millions de Français" participer, sans pour autant citer explicitement le PS :
"Une primaire honnête, c’est une primaire à laquelle tous les Français qui souhaitent participer puissent participer. C’est une primaire où il y a deux ou trois millions de Français qui participent. Là, la primaire a un sens parce que ça devient un vrai mode de sélection du projet du candidat et du projet qui portera les couleurs de la droite et du centre.
"
Mais si Thierry Solère semble confiant quant à la plus grande capacité mobilisatrice d'une droite en phase de reconquête, il concède que les conditions précises de cette primaire ne sont pas encore très claires :
"Je dois encore en reparler avec Nicolas Sarkozy, mais il s'agit de définir un cahier des charges précis, une charte des valeurs, une méthode et un calendrier pour élaborer des propositions que nous soumettrons ensuite au bureau politique. Nous devons répondre à de multiples questions : qui peut voter, qui peut se présenter, comment financer la primaire ? Il faudra aussi que nous examinions les modalités du vote, papier ou électronique. Dans tous les domaines, nous devrons définir des moyens de garantir la sincérité du scrutin.
"
Pour y parvenir, il souhaite faire son "bench-marking", c'est-à-dire comparer les scrutins de ce type organisés "en France mais aussi à l'étranger". Comme Arnaud Montebourg en 2009, qui s'était rendu aux États-Unis pour rencontrer des responsables du Parti démocrate de Barack Obama.
Sur le plan politique en tous cas, l'idée du soutien de Bruno Le Maire est claire : le centre devra concourir. Il prophétise :
"L'union de la droite et du centre sera vitale si nous voulons être être présents au second tour en 2017.
"
Problème : la question est loin d'être réglée.