COUAC - Machine arrière toute. Arnaud Montebourg demande "à l'avenir" de "faire cesser toute collaboration" de l'État avec la banque Lazard, de manière à ne plus se retrouver en "difficulté". Et le ministre du Redressement productif en profite pour critiquer ouvertement la décision de Pierre Moscovici, ministre de l'Économie et des Finances.
Matthieu Pigasse, directeur général de la banque Lazard en France et patron du magazine Les Inrockuptibles - qui emploie notamment la compagne du ministre du Redressement productif Audrey Pulvar - va accompagner Bercy dans la création de la Banque publique d'investissement (BPI). Arnaud Montebourg avait démenti travailler avec le banquier et Audrey Pulvar avait défendu son compagnon sur Twitter. Mais la polémique continue.
Nouvelle tentative de déminage donc d'Arnaud Montebourg, invité vendredi 21 septembre par Mediapart : "J'ai demandé au commissaire, le chef de service de l'agence des participations de l'État, par instruction écrite, que l'ensemble des banques fassent l'objet d'un contrôle de conflit d'intérêts de manière à ce que je ne sois pas en situation de difficulté. Là je l'ai été politiquement."
Certains, comme les deux avocats proches des frères Guérini qui ont publié une tribune dans Libération , voient en effet dans le cas Pigasse un "risque juridique" de "prise illégale d'intérêts" pour Arnaud Montebourg.
Un peu plus tard, ce dernier répète avoir demandé à cette commission "de faire cesser toute coopération, collaboration de manière à ne plus être en situation de paraître [...] influencé"
Un "moment pas très agréable"reconnait le ministre en répétant avoir "été assez mécontent de la situation qui m'avait été faite. Le "m'avait", renvoie à de nombreuses responsabilités."
Une façon de renvoyer la balle au ministre de l'Économie et des finances, à qui il adresse ouvertement une critique : "Pierre Moscovici a cru devoir choisir, en tout cas l'agence de participation de l'État, [...] cette banque [la banque Lazard, ndlr].[...] Batir une banque publique avec une banque privée me parait problématique. Pour des raisons politiques."
Le troisième homme de la primaire socialiste se retranche également derrière François Hollande : "Le président de la République n'a pas décidé de refaire un appel d'offres, parce que l'appel d'offres avait été notifié."
Le ministre du redressement productif répète ensuite qu'il "n'est pas en charge juridiquement des banques et des assurances" et qu'il "n'avait jamais rencontré de [s]a vie" Matthieu Pigasse "avant que Audrey Pulvar soit embauchée par l'intéressé."
Voici la vidéo de la longue réponse du ministre sur ce dossier brûlant :