BOOMERANG - "Disproportionné". La France a violé la liberté d'expression en condamnant pour offense au chef de l'État l'homme qui avait brandi une affichette "Casse toi pov'con" lors d'une visite présidentielle a estimé jeudi 14 mars la Cour européenne des droits de l'Homme (CEDH).
En août 2008, sur le parcours du président de la République de l'époque, en visite à Laval, Hervé Eon, ex-travailleur social proche des mouvements altermondialistes, avait exhibé un écriteau où était inscrite l'invective.
Une référence à la sortie de Nicolas Sarkozy, tant commentée, au Salon de l'Agriculture en 2008 en réponse à un visiteur qui refusait de lui serrer la main en lui disant "ah non, touche-moi pas".
Le parquet avait pris l'initiative des poursuites pour offense au chef de l'Etat et la justice avait condamné Hervé Eon en novembre 2008 à une "amende de principe" de trente euros avec sursis (le parquet avait requis 1.000 euros).
Une décision confirmée par la suite en appel, et pour laquelle le sexagenaire n'avait pas obtenu de pourvoi en cassation.
Pour la CEDH, ce jeudi, la phrase en cause était "littéralement offensante à l'égard du Président de la République", mais elle ne constituait pas pour autant "une attaque personnelle gratuite".
Les juges estiment qu'il s'agit plutôt d'une critique "de nature politique" de la part de ce militant de gauche, à laquelle un homme politique s'expose "inévitablement et consciemment".
Le recours à une sanction pénale était donc "disproportionné" pour la CEDH qui écrit :
Sanctionner pénalement des comportements comme celui de M. Eon est susceptible d'avoir un effet dissuasif sur des interventions satiriques qui peuvent contribuer au débat sur des questions d'intérêt général.
Un arrêt à lire intégralement ci-dessous :