Ces 11 propositions que Jean-François Copé reprend in extenso à Nicolas Sarkozy

Publié à 20h51, le 01 octobre 2012 , Modifié à 21h26, le 01 octobre 2012

Ces 11 propositions que Jean-François Copé reprend in extenso à Nicolas Sarkozy
Nicolas Sarkozy et Jean-François Copé, le 12 avril 2007. (MaxPPP)

DEJA-VU - Comme un air de déjà vu concernant l'opposition au droit de vote des étrangers. Comme l'impression d'avoir déjà lu le verbe "délégiférer" quelque part.  Comme un écho sur l'opposition à l'obtention automatique de la nationalité française pour les enfants d'immigrés.

Sur 204 pages de Manifeste pour une droite décompléxée (Fayard), à paraître ce mercredi 3 octobre, Le Lab a isolé onze propositions de Jean-François Copé "empruntées"à Nicolas Sarkozy. Et en a trouvé quatre qui vont beaucoup plus loin, sur la droite de l'échiquier politique, que la position de l'ancien président.

  1. Les 11 propositions reprises à Sarkozy

    Le Lab a lu le livre de campagne de Jean-François Copé pour la présidence de l'UMP. Un ouvrage qui n'est pas encore en librairie, mais qui a déjà provoqué un tollé en raison d'un paragraphe assurant qu'un "racisme anti-Blanc" se développe dans les quartiers". 

    Voici quinze autres points d'entrée de ce document. Notre liste des propositions reprises à Nicolas Sarkozy.

    > Examen d’entrée au collège

    A la fin du CM2, une “validation des savoirs fondamentaux” doit permettre de vérifier que tous les élèves qui passent en 6è savent lire, écrire, compter”.

    écrit Jean-François Copé en argumentant sur cette "mesure choc", qu'il défend depuis 2010

    C'était aussi la proposition numéro 17 sur les 32 présentées par Nicolas Sarkozy.

    > L'arme de supprimer les alloc'

    S'il est élu président de l'UMP, Jean-François Copé veut une “obligation de se former ou travailler” pour “chaque “décrocheur” entre 16 et 18 ans. “Le maintien des allocations familiales serait conditionné au respect de ce nouveau devoir".

    Une sanction déjà utilisée par Nicolas Sarkozy contre l’absenteïsme.

    > Ressusciter la TVA "anti-délocalisation"

    Apparue dans le Journal Officiel le jour de l'élection de François Hollande,  la "TVA sociale" de Nicolas Sarkozy a été supprimée par l'Assemblée, en juillet.

    Jean-François Copé estime que "pour renforcer la compétitivité" du pays, "il faut d'abord relancer la TVA anti-délocalisation que la gauche a lamentablement décidé de supprimer".

    > Droit de vote des étrangers

    Jean-François Copé a lancé une pétition et revendique au moins 100.000 signataires contre le droit de vote des étrangers non européens aux élections locales. Il écrit dans son Manifeste pour une droite décomplexée :

    J’appellerai le peuple de France à s’y opposer de toutes ses forces.

    Pendant la campagne présidentielle, Nicolas Sarkozy a lui aussi martelé son opposition à cette promesse de François Hollande même s'il a beaucoup varié sur la question.  

    > Dé-lé-gi-fé-rer

    Je propose que le parlement se fixe des périodes d’abstinence! Les parlementaires pourraient cesser de légiférer pendant un an pour se consacrer uniquement à l’évaluation des politiques publiques et à la simplification législative.

    écrit le secrétaire général de l'UMP.

    Le 12 mars 2010, dans un entretien au Figaro Magazine, le président de la République déclare :

    Au second semestre 2011, le gouvernement marquera une pause pour que le Parlement puisse, s’il le souhaite, délégiférer.

    En déplacement à Laon, Nicolas Sarkozy avait indiqué : "Je vais demander l’an prochain aux députés et aux sénateurs de consacrer une partie de l’ordre du jour à délégiférer".

    > Moins précis sur le RSA

    Jean-François Copé dans Manifeste pour une droite décomplexée :

    Il faut absolument mettre en place l’obligation de travailler plusieurs heures au service de la collectivité en échange du RSA.

    Point numéro 7 du programme de Nicolas Sarkozy pour 2012 : " Introduction de 7 heures d'activité d'intérêt général obligatoire par semaine pour les titulaires du RSA"

    > Plus précis contre les fraudeurs

    Celui qui triche doit se voir interdire l’accés aux allocations pendant une certaine durée, pouvant aller jusqu’à deux ans

    écrit Jean-François Copé.

    Nicolas Sarkozy, le 25 avril, lors d'une interview à L'Est Républicain :

    Quant à ceux qui fraudent les prestations sociales, ils ne pourront plus en bénéficier pendant un certain nombre d’années

    > Sur l'application des peines de prison

    Nicolas Sarkozy proposait à Bordeaux, le 3 mars 2012 "qu'un condamné ne puisse pas bénéficier d'une mise en liberté conditionnelle avant qu'il n'ait effectué au moins les deux tiers de sa peine".

    Six mois et une défaite plus tard, Jean-François Copé "souhaite" que «l’on interdi[se] la libération d’un détenu avant qu’il ait accompli les deux tiers de sa peine".

    > Sur le mariage et l'adoption pour les couples homosexuels

    Jean-François Copé est contre et s'en explique :

    Dans l’ensemble, l’état actuel de notre droit le permet, même si des ajustements peuvent être envisageables. Aujourd’hui les revendications portent surtout sur la question de la reconnaissance symbolique. Or je ne crois pas qu’il faille “institutionnaliser” tous les choix de vie et inscrire dans la loi une redéfinition arbitraire de la famille qui ferait abstraction du père et de la mère.

    Nicolas Sarkozy avait exprimé la même position, dans Le Figaro Magazine en février 2012 :

    En ces temps troublés où notre société a besoin de repères, je ne crois pas qu'il faille brouiller l'image de cette institution sociale essentielle qu'est le mariage.”

    Deux promesses sarkozystes depuis 2007 :

    > Rendre obligatoire le service civique

    Le secrétaire général de l'UMP veut rendre obligatoire un service civique pour garçons et filles, à 18 ans et esquisse des pistes "soutien pour les élèves en difficulté, renforcement d’équipes de pompiers volontaires, nettoyage des espaces naturels ou encore peinture des cages d’escaliers de HLM dégradés".

    Une vieille idée de Jean-François Copé déjà au programme de Nicolas Sarkozy…en 2007

    > Le serpent de mer du contrat unique

    Supprimer CDI et CDD pour “un contrat de travail unique” à durée indeterminée est également une vieille idée à droite. Toute "rupture du contrat par l’employeur donnerait lieu au paiement d’une indemnité au salarié et d’une contribution à un fond de solidarité public finançant le retour à l’emploi" détaille Jean-François Copé.

    Là encore, une promesse de Nicolas Sarkozy en 2007.

    Quatre positions où Copé va plus loin que Sarkozy

    > Aide Médicale d’Etat (AME)

    Je propose que l’AME soit reservée aux situations sanitaires d’urgence et à la prévention des risques épidémiques à l’exception des enfants et femmes enceintes.

    écrit Jean-François Copé, déplorant que le gouvernement ait supprimé la franchise de 30€ :"Avec les invalides de guerre et les bénéficiaires de la Couverture Maladie Universelle qui gagnent moins de 8.000 € par an, les sans papiers sont désormais les seuls à pouvoir bénéficier d’un système 100% pris en charge, sans aucune contribution de leur part, même symbolique."

    Sur ce point, le secrétaire général de l'UMP prend le contre-pied de Sarkozy qui déclarait le 6 mars 2012, sur France 2 :

    La tradition de la France, c’est de soigner quelque soit la nationalité. Je ne souhaite pas qu’on remette en cause cette générosité françaiseà l’endroit des étrangers.

    > Uniforme à l’école

    Nicolas Sarkozy s'était prononcé contre l'uniforme à l'école, interrogé par une lectrice du Parisien, le 12 avril :

    Votre idée de la blouse, au fond, c'est que tout le monde soit traité pareil, qu'il n'y ait pas de différences. Moi je pense que la véritable égalité, c'est de donner plus à celui qui a moins.[...] A l'uniformisation, je préfère l'individualisation de la pédagogie. 

    Dans son manifeste pour une droite décomplexée, Jean-François Copé avance un argument pour l'uniforme à l'école :

    Pourquoi nos jeunes élèves qui sont fiers de porter le maillot de leur club lorsqu’ils sont licenciés sportifs, n’auraient-ils pas la même fierté de porter les couleurs de leur école? 

    > Copé veut chasser certains pays de l'espace Schengen, Sarkozy menaçait que la France le quitte

    Jean-François Copé : 

    Si certains pays européens refusent d’assumer leurs responsabilités en menant des politiques migratoires laxistes, nous devons en tirer les conséquences en suspendant leur participation à la zone de libre circulation des personnes.

    Nicolas Sarkozy, page 20 de ses 92 pages de Lettre aux Français :

    L’Europe doit s’organiser pour aider les pays qui ont du mal à sécuriser leurs frontières. Elle doit adopter une législation commune en matière d’asile et d’immigration. Si cela n’était pas mis en oeuvre dans un délai d’un an, la France rétablirait des contrôles ciblés à ses frontières et suspendrait sa participation à la zone Schengen.

    > Sur l'obtention automatique de la nationalité française

    Aujourd’hui, les jeunes nés en France de parents étrangers acquièrent automatiquement la nationalité française à leur majorité, sauf s’ils la refusent.

    En clair, la France se donne à refuser au lieu de se donner à choisir. Il faut inverser la logique pour créer une démarche positive, totalement en ligne avec notre philosophie de la nation.

    La gauche avait supprimé cette démarche volontaire en 1997. Il faudra la rétablir.

    développe Jean-François Copé.

    Un retour à la loi Pasqua voulu par la Droite Populaire, et déjà proposé en novembre 2011.

    Le 30 juillet 2010, à Grenoble, Nicolas Sarkozy demandait que "l’acquisition de la nationalité française par un mineur délinquant au moment de sa majorité ne soit plus automatique "

    Le mot "délinquant" a disparu chez Jean-François Copé qui veut annuler l'obtention automatique de la nationalité à 18 ans pour tous les mineurs nés en France de parents étrangers.

Du rab sur le Lab

PlusPlus