RETOUR SUR - "Moi je défendrai tout à fait cette idée, clairement, l'exclusion." En juin, Jean-François Copé promettait de retirer à Roland Chassain sa carte de l'UMP.
Son tort : s'être désisté au second tour des législatives, dans les Bouches-du-Rhône, au profit de la candidate du Front national, finalement battue par un socialiste.
Quatre mois plus tard, l’ancien député, maire des Saintes-Maries-de-la-Mer, n’a pas reçu l’ombre d’une lettre d’exclusion, a gardé son poste de délégué UMP dans sa circonscription … et s’avère être un militant pro-Copé à ses heures perdues. Il détaille au Lab ses attentes vis-à-vis de son parti et de son rapport au FN.
"Ca a causé à Copé quelques tracas"
L’homme a vingt ans de politique derrière lui, un étiquetage UMP tendance Droite populaire et la ferme intention de ne pas se plier au diktat du "ni-ni". En juin dernier, Roland Chassain n’a pas, à proprement parlé, "appelé à voter" pour Valérie Laupies, la candidate FN … Il a demandé à ses électeurs de "tout faire pour faire battre Michel Vauzelle, le candidat PS". Ce qui, dans les urnes, revient au même :
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J’étais très clair dans mon communiqué : je n’ai pas demandé de voter pour un candidat, mais bien appelé à voter contre un candidat. Ensuite, que les électeurs aillent à la pêche, s’abstiennent ou choisissent Madame Laupies, ça m’est égal.
De fait, dans ma commune, ils ont voté à 72% pour la candidate FN.
"Un comportement qui lui a valu une vraie promesse d’exclusion par son secrétaire général. Voilà ce que Jean-François Copé assurait alors le 13 juin :
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Il y a un bureau politique. Ce sera évoqué là [...]. On en parlera mercredi prochain. Moi je défendrai tout à fait cette idée, clairement, d'exclusion. Nous avons fait le choix de ne faire aucune alliance avec les extrêmes.
"Et puis … rien du tout. Comme Roland Chassain l’expliquait déjà sur Canal Plus le 24 juin, Jean-François Copé lui a conseillé de "laisser passer les orages ". Quatre mois plus tard, il observe la situation sans étonnement :
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Depuis quand un parti exclut-il quelqu’un au cours de son bureau national ?! Les partis ne sont pas là pour exclure. (…)
Je sais que ça a causé à Jean-François Copé quelques tracas, en tant que secrétaire général il a dû se prendre quelques réflexions.
"En public, on le condamne. En privé, on lui assure que tout ça n’est que ponctuel. "Avant de publier mon communiqué de désistement, renchérit Roland Chassain, je l’ai envoyé à Jean-Claude Gaudin [le maire UMP de Marseille, ndlr]. Il m’a dit que ce que j’avais écrit était très bien."
Lors d’une conférence de presse, l’heure était pourtant au désaveu pour le maire de Marseille :
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Nous n’avons pas d’accord avec le Front national, nous n’en avons jamais eu. M. Chassain a dit quelque chose qui est son opinion, pas la nôtre qui est beaucoup plus claire, mais nous ne sommes pas dans un parti stalinien.
"Roland Chassain se moque bien de cette dualité public/privé. La preuve, c’est sans rancune qu’il a décidé de soutenir Jean-François Copé pour la présidence de l’UMP. Lors d’un meeting à Marseille le 22 octobre, le site d’information Marsactu.fr est allé recueillir ses impressions. Roland Chassain apprécie le discours "vrai, décomplexé" de l’actuel secrétaire général et aimerait que celui-ci applique, à terme, ses propres idées. Il précise au Lab :
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Je ne parle pas d’alliances avec le FN – ce qui équivaudrait à signer quelque chose – mais de discussions au cas par cas : dans certaines régions, ne pas s’allier avec l’extrême-droite c’est perdre nos élus.
Les passerelles sont nécessaires entre ces partis à droite pour répondre à la gauche.
Collard vient de créer l’association Rassemblement bleu Marine pour fédérer au-delà du FN aux municipales, je trouve cela très intelligent.
"Pour Jean-François Copé, pas question en tout cas de s’étendre sur le "cas" Chassain et sur sa présence dans ses meetings. Interrogé à ce sujet sur France Culture ce 29 octobre, il prend la mouche et balaye :
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Je ne peux pas accepter ce procès d’intention. Je vous rappelle que Roland Chassain a été désavoué pour les propos qu’il a tenus, il a été battu à ces élections.
"Fermez le ban.
Le candidat, déchu mais pas démis, n’a quant à lui pas l’intention de changer sa ligne d’un iota. Les élections municipales de 2014 seront un prochain terrain d’expérimentation des "discussions" possibles pour "créer des passerelles". Il le répète : il a plus de points communs avec "ceux du Front", comme il les appelle, qu’avec les socialistes "qui osent s’allier avec le Front de gauche, le NPA … alors que ce qu’ils disent n’est pas plus joli que Monsieur Le Pen en son temps !".
Et puis, au niveau national, Roland Chassain a une autre conviction :
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Si, pendant la campagne, Nicolas Sarkozy avait annoncé l’arrivée d’un membre du FN dans son prochain gouvernement, il serait passé.
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