BREVE DE CAMPAGNE - Cela ne faisait que peu de doutes. C’est désormais officiel : Claude Bartolone a annoncé ce lundi 19 décembre sur France Inter son soutien à Manuel Valls pour la primaire de la Belle Alliance Populaire.
Le président de l’Assemblée nationale a expliqué :
"Compte tenu de ce qu'il représente en termes d'autorité de l'État, d'ordre républicain, de discours qu'il tient déjà pour montrer qu'il veut tenir compte et du bilan et de cette nécessité de se projeter dans l'avenir, je vais soutenir Manuel Valls.
"
Certes, Claude Bartolone le reconnaît : lui qui a été proche de Martine Aubry n'a pas toujours été d'accord avec l'ex-Premier ministre, tenant de l'aile droite du PS. "Il y a eu des moments d'affrontement avec Manuel Valls, dit-il ce lundi. Sur les 3% de déficit européen, nous n'étions pas du tout sur la même position." Mais il ajoute aussitôt :
"Mais contrairement à ce que l'on raconte quelques fois, on peut discuter avec Manuel Valls. Et c'est pour cela que je le soutiens parce que je pense qu'en termes d'autorité nous en avons besoin, dans ce monde de brutes hein que nous connaissons - regardez Poutine, c'est quand même pas un perdreau de l'année, regardez ce qui se passe actuellement en Syrie, regardez l'arrivée de Trump aux États-Unis - nous avons besoin, en France et en Europe, d'une voix qui compte, d'une voix qui sait faire entendre à la fois les intérêts des Françaises et des Français et des Européens.
"
"Barto" explique ensuite qu'il essayera d'influer sur le programme de l'ancien chef du gouvernement, notamment en faveur d'une réforme des institutions pour "revivifier notre démocratie". La commission de travail chapeautée par l'historien Michel Winock avait remis à l'automne un rapport comprenant des propositions marquantes, comme le septennat non renouvelable, l’introduction de la proportionnelle aux législatives, une réduction du nombre de parlementaires ou encore l’interdiction du cumul dans le temps.
"Je pense qu'on ne peut pas tout attendre d'un individu qui est candidat à l'élection présidentielle, explique Claude Bartolone. Il y aura nécessité absolue, et c'est aussi cela que j'essaye de représenter ce matin, de faire entendre à Manuel Valls les attentes du pays, de la gauche, des républicains par rapport à un certain nombre de sujets qui sont aujourd'hui au cœur de cette préparation du XXIe siècle."
Le député de Seine-Saint-Denis avait, ces derniers temps, donné plusieurs indices de son choix pour la primaire.
Il s’était ainsi affiché mardi 13 décembre à La Maison de la Chimie, à Paris, au côté de Manuel Valls lors de la réunion des soutiens de l’ancien Premier ministre PS. Un peu plus tôt, lors du "Carrefour citoyen des gauches et de l’écologie" organisé par Martine Aubry à Bondy le 26 novembre, Claude Bartolone avait proposé à François Hollande et Manuel Valls de participer tous les deux frontalement à la primaire. C’était avant le renoncement du chef de l’État et la candidature de son ancien Premier ministre.
Depuis la parution du livre Un président ne devrait pas dire ça..., Claude Bartolone a exprimé à plusieurs reprises sa colère contre François Hollande, exprimant "sa stupéfaction" après les propos du chef de l’État rapportés dans ce bouquin. Et ne digérant pas, surtout, une phrase de François Hollande contre lui : "Non, il n’a pas l’envergure (pour être Premier ministre en remplacement de Jean-Marc Ayrault en mars 2014, ndlr). Il n’est pas très connu, et, le jour où il le deviendrait, il n’a pas un charisme considérable".
[BONUS TRACK]
Claude Bartolone pense que Manuel Valls pourra réaliser le "rassemblement" d'une gauche aujourd'hui éclatée en vue du premier tour de la présidentielle - entre le candidat écologiste Yannick Jadot et les candidatures de Jean-Luc Mélenchon et d'Emmanuel Macron. Tout en reconnaissant qu'à l'heure actuelle, cela peut paraître quelque peu "absurde", au vu des "engueulades" qui ont agité la gauche depuis le début du quinquennat. Il explique :
"Plus que jamais, il y aura nécessité de rassembler toute la gauche et les écologistes. Bien entendu, aujourd'hui ça paraît absurde. Mais vous allez voir la maturation qui va se provoquer [sic] dans le pays, ne serait-ce qu'en voyant ou en écoutant les propositions de la droite - les menaces sur le service public, sur les fonctionnaires, sur l'école de la République, sur le principe même d'égalité. Eh bien à un moment donné, certes, il y a eu des engueulades à gauche mais franchement, il faut retrouver, à un moment ou un autre, le chemin de l'union.
"