Comment une marque de bière tente d’amadouer les députés avec le made in France

Publié à 17h50, le 13 juillet 2013 , Modifié à 17h53, le 13 juillet 2013

Comment une marque de bière tente d’amadouer les députés avec le made in France

LOBBYING - C’est une opération de lobbying originale. Sans question, ni proposition d’amendement à un moment où la fiscalité autour de la bière n’est pas en discussion. Juste pour amadouer les députés. Une célèbre marque de bière française a ainsi écrit deux courriers à plusieurs députés pour les "sensibiliser" sur leur action. Et se faire mousser.

 

  1. Une demande originale : que les députés soient "promoteurs" de la marque

    >> Lutte contre l’alcoolisme

    Dans un premier courrier, envoyé le 28 juin, les Brasseries Kronenbourg insistent sur sa lutte contre l’alcoolisme et leur nouvelle gamme "sans alcool". La missive, que le Lab s'est procurée, débute ainsi :

    La diminution de la consommation d’alcool est un thème récurrent des politiques publiques.

    Et d’ajouter :

    Entreprise engagée, Brasseries Kronenbourg a été le premier brasseur à mentionner dès 2007 sur ses packs les seuils de consommation responsable « 2340 » définis par l’OMS.

    Dans ce courrier, l’entreprise déclare se tenir "à disposition" des députés contactés pour "aborder les différents engagements sociétaux" de la marque. Une opération de lobbying en bonne et due forme.

    >> Promouvoir le "made in France"

    Rebelote, quelques jours plus tard. Dans le second courrier adressé à certains parlementaires, datée du 10 juillet 2013, la marque se vante d’être pionnière dans "le made in France", et du label "Origine France garantie". Une labellisation "confirmée pour 2013 et 2014", ajoute l’auteur de la lettre qui souligne l’importance du "made in France" pour cette marque de bière hexagonale, "attachée à son territoire, l’Alsace" :

    Pour Brasseries Kronenbourg, ce label s’impose comme une évidence. Notre entreprise est l’une des plus anciennes de France. (…) 99% de nos produits sont fabriqués à Obernai, dans la plus grande brasserie de France.

    Souhaitant "contribuer à défendre le caractère du « génie français » qui, dans l’agroalimentaire, se manifeste par l’excellence du savoir-faire, le raffinement du produit et le plaisir de la dégustation", la marque ne demande rien de moins aux députés que d’accepter "d’être l’un des promoteurs" de cette bière.

    >> Quand Kronenbourg mettait la pression

    En octobre 2012, le gouvernement avait décidé de taxer la boisson houblonnée parce que "les jeunes s’en servent pour se saouler", comme l'expliquait Marisol Touraine, ministre de la Santé.

    Suite à cette volonté du gouvernement d’augmenter la taxation sur la bière, les Brasseurs de France avaient alors mis la pression sur les politiques. Et Kronenbourg, déjà eux, menaçait alors de "remettre en question" ses investissements dans l’Hexagone. Tout simplement.

    Plusieurs mois après cette montée au front, l’enseigne de bière a changé de stratégie. Et de ton.

     

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