"Le sujet est trop grave pour polémiquer". Une fois de plus, Rachida Dati fait entendre un son de cloche très différent au sein de sa famille politique. Alors que des figures de premier plan de Les Républicains ont accusé François Hollande et son gouvernement de "récupération" politicienne en communiquant depuis mercredi 15 juillet sur un attentat déjoué, l'eurodéputée, elle, refuse de "rentrer dans des petites polémiques qui concernent la sécurité des Français".
Invitée de BFMTV vendredi, l'ancienne ministre de la Justice, qui a récemment invité ses camarades de la rue de Vaugirard à moins de "brutalité" et de "surenchère", explique :
"Que les pouvoirs publics informent les Français, nous informent en qualité de citoyens, moi je trouve pas ça inopportun. Parce que ça nous rappelle aussi à notre devoir de vigilance, ça nous rappelle aussi la menace terroriste et surtout, c'est un sujet qui concerne la sécurité des Français. Donc moi je vais pas rentrer dans des petites polémiques qui concernent la sécurité des Français.
"
"Aujourd'hui, l'affaire est judiciarisée, le procureur de la République prendra le relais. Laissons la justice faire son travail et enquêter de la manière la plus sereine qui soit", plaide-t-elle encore. Et de marteler :
"Le sujet est trop grave. [...] J'ai même pas envie de rentrer dans ce débat-là.
"
Relancée sur les propos du directeur général de Les Républicains Frédéric Péchenard - "Il y a une volonté d'appropriation politique, probablement pour masquer un certain nombre d'échecs" -, Rachida Dati appelle ses petits camarades à la responsabilité en soulignant notamment que sous Nicolas Sarkozy aussi, ce type de communication existait :
"Quand on a été au pouvoir, vous savez moi je me souviens que Claude Guéant avait fait aussi des communications sur les attentats qui avaient été déjoués. Ça permet aussi de rappeler notre vigilance, le travail important des services de renseignement. Mais si vous rentrez après dans des politiques politiciennes (sic), ça n'a aucun intérêt, c'est la sécurité des Français qui est en jeu.
Après effectivement, on peut discuter de l'opportunité en termes de timing : est-ce que c'était bien de le faire maintenant, est-ce que c'était pas mieux de le faire après la judiciarisation totale de l'affaire ? Ça c'est un autre débat. Mais si on peut en débattre sans qu'on recherche la polémique, ce serait bien. Parce que le sujet est trop grave, c'est tout.
"
Un argumentaire qui ressemble comme deux gouttes d'eau à celui de Ségolène Royal. La ministre de l'Écologie avait ainsi défendu la communication du gouvernement, jeudi et déjà sur BFMTV :
"Il est important je pense que de temps en temps le gouvernement, pas tout le temps, puisse faire savoir que les services de renseignement sont très efficaces, que la police est efficace, que la gendarmerie est efficace. (...)
[Le gouvernement] a estimé qu’à un moment il était important de montrer que les Français étaient protégés puisque régulièrement des actes de malveillance sont prévenus, déjoués, empêchés. Il est important que les Français le sachent à partir d’un exemple.
"
Mais attention, si ce sujet-là est "trop grave", Rachida Dati ne s'interdit pas pour autant de participer à d'autres polémiques de ce type à l'occasion :
"Ça serait un autre type de sujet, peut-être que je pourrais apporter aussi mon grain de sel à une polémique. Mais là j'avais pas envie, effectivement, de le faire.
"
[BONUS TRACK] +1 pour Cazeneuve
Si elle ne conserve pas un souvenir impérissable de l'action de Manuel Valls au ministère de l'Intérieur ("Il n'a ni bilan, ni action, ni même vision. Ni sur la sécurité et encore moins sur la lutte contre le terrorisme"), Rachida Dati a en revanche une opinion plutôt positive de son successeur, Bernard Cazeneuve :
"C'est vrai que Bernard Cazeneuve - parce que d'ailleurs on travaille ensemble sur des sujets liés avec le parlement européen, comme parlementaires européens et avec son ministère, sur la lutte contre l'insécurité mais aussi sur le terrorisme en particulier -, c'est un ministre responsable et c'est vrai qu'il est totalement engagé pour la sécurité des Français.
Je parle en responsabilité. Je trouve que Bernard Cazeneuve est engagé sur ces sujets.
"
Pas à proprement parler une déclaration d'amour fougueuse, mais tout de même.