Depuis les révélations du Spiegel sur l'espionnage américain de locaux de l'Union européenne, et alors que le Parti socialiste et la Commission européenne appellent en choeur à une suspension des négociations entre les Etats-Unis et l'Europe dans le cadre de leur accord commercial, Fleur Pellerin a fait entendre sa petite musique ce 1er juillet sur BFMTV : pas question de remettre en cause les négociations commerciales.
La ministre délégué aux PME, à l'Innovation et à l'Economie numérique dit vouloir attendre des explications de la part des Etats-Unis. Et insiste sur le fait de ne pas mélanger business et diplomatie :
"Je crois qu’il ne faut pas mélanger les sujets.
Vous êtes d’un côté dans une négociation commerciale qui porte sur un accord de libre échange, et de l’autre sur une affaire qui est d’ordre diplomatique et politique.
Je crois qu’il ne faut pas mélanger les sujets à ce stade. D’autant plus que pour l’instant, nous n’avons pas de preuves circonstanciées.
Donc je crois qu’il faut attendre d’avoir les réponses de l’administration américaine, et puis poursuivre de l’autre côté les négociations commerciales, mais bien délier les sujets. […]
Il faut distinguer les deux choses.
"
La ministre se place là en totale contradiction avec les demandes de plusieurs responsables du Parti socialiste comme Harlem Désir qui, ce lundi sur RTL, a estimé que ces révélations étaient "de nature à remettre en cause les négociations en cours". Jean-Christophe Cambadélis a pour sa part demandé la suspension immédiate de ces négociations.
En contradiction également avec la commissaire européenne à la Justice, Viviane Reding, qui a déclaré :
"On ne peut pas négocier sur un grand marché transatlantique s'il y a le moindre doute que nos partenaires ciblent des écoutes vers les bureaux des négociateurs européens.
"
Sur BFMTV, Fleur Pellerin a également tenu à relativiser le possible espionnage des Etats-Unis vis-à-vis des institutions européennes. Rien de bien exceptionnel à cela, explique-t-elle en substance :
"Il y a l’affaire d’espionnage des institutions européenne et des postes diplomatiques, et ça, ce n’est pas vraiment la première fois que cela arrive dans l’histoire. Vous avez vu ce même type d’événements pendant la guerre en Irak.
Même si c’est évidemment un acte qui n’est pas forcément amical de la part d’une puissance amie, ce n'est pas une nouveauté.
"
Il lui semble en revanche "beaucoup plus grave" la mise en place d'une surveillance généralisée , "si elle devait être avérée", des Etats-Unis sur l'ensemble de la population.
Enfin, petit message à destination des pro-Snowden : à l'heure où certains commencent à demander l'asile politique de la Franc e pour le consultant informatique à l'origine des révélations sur Prism, Fleur Pellerin s'interroge sur une amélioration de son "statut" :
"Vous avez un certain nombre de pays qui ont mis en place des législations sur ce qu'on appelle les whistle blowers, c'est-à-dire les lanceurs d'alerte. (...) Il n'y a pas de statut international qui permet de protéger ces personnes. (...)
C'est une belle occasion de se pencher sur le sujet qui est une zone grise du droit international public.
"