Couches, pères, et congé parental: Najat Vallaud-Belkacem reproche à Valérie Pécresse son manque de cohérence et de constance

Publié à 12h56, le 10 juillet 2013 , Modifié à 15h45, le 10 juillet 2013

Couches, pères, et congé parental: Najat Vallaud-Belkacem reproche à Valérie Pécresse son manque de cohérence et de constance
Najat Vallaud-Belkacem et Valérie Pécresse. (montage Le Lab via Maxppp)

ET TOC - Après les critiques de Valérie Pécresse contre le projet de loi sur le congé parental de Najat Vallaud-Belkacem, l'intéressée choisit, pour répondre à la député UMP, de paraphraser Beaumarchais et sa formule : "Sans la liberté de blâmer, il n'est pas d'éloge flatteur".

Interrogée par le Lab lors du compte-rendu du conseil des ministres ce 10 juillet, la porte-parole du gouvernement et ministre des Droits des femmes, Najat Vallaud-Belkacem a ainsi expliqué : 

Sans un minimum de cohérence et de sincérité, il n’y a pas d’opposition utile.

Najat Vallaud-Belkcacem, qui estime que Valérie Pécresse donne à cette occasion le visage d'une "opposition pour le moins caricaturale", assure que Valérie Pécresse a changé d'avis sur le sujet, citant le rapport écrit par la parlementaire, et remis, le 15 février 2007, au Premier ministre d'alors, Dominique de Villepin (document PDF ici). La ministre affirme :

Elle en venait elle-même à la conclusion qu'il fallait une période de partage réservée aux pères.

De fait, voilà ce que préconisait exactement Valérie Pécresse dans son rapport :

D’une part, soixante jours seraient réservés au père dans la durée légale actuelle du complément de libre choix d’activité et seraient perdus s’ils n’étaient pas pris.

D’autre part, le droit à congé pourrait être partagé entre les deux parents et le couple recevrait une prime de l’ordre de 250 euros par mois, dans la limite de six mois, lorsque le congé parental est pris en partie par le deuxième conjoint, à condition que le premier bénéficiaire reprenne un emploi ou suive une formation professionnelle.

Pourtant, le 2 juillet, dans une interview au Journal des Femmes, Valérie Pécresse a vivement critiqué cette volonté du gouvernement de partager le congé parental en poussant les hommes à prendre au moins six mois de congé. Son problème : ce congé doit être pris dans les trois premières années de l'enfant. Si le père refuse, le couple ne bénéficie plus de la totalité des trois années qui lui sont accordées mais de deux ans et demi.

Or, selon elle, les père de famille ne trouveront aucune utilité à prendre ces six mois de congé après la naissance de leur enfant :

Pensez-vous que le plus grand nombre sont les pères qui ont envie de changer des couches ? (...)

Il faut certes inciter les pères à prendre un congé mais ils le prendront d'autant plus volontiers avec un enfant un peu plus âgé, et cela sera socialement mieux vécu par les entreprises de voir les pères s'impliquer dans des problèmes un peu plus compliqués.

 

Dans la logique de l'ancienne ministre UMP, ces mois de congés doivent pouvoir être pris par le père lorsqu'il le souhaite, à n'importe quel moment de sa vie, et notamment pour aider son enfant plus âgé en difficulté, comme lors de la "crise d'adolescence".

Ce combat est semble-t-il nouveau pour Valérie Pécresse. Dans son rapport de 2007, la député d'alors ne précise pas que le congé du père doit être pris à n'importe quel moment. Elle reste fidèle au modèle de base qui veut que le congé et les indemnitées reçues soient possibles les trois premières années.

En revanche, cette idée de congé plus tardif pour aider un enfant "dans les périodes difficiles" est bien évoquée dans ce même rapport. Mais Valérie Pécresse préconise d'ouvrir davantage l'accès au "congé de soutien familial", en plus du congé parental. Et non de mélanger les deux.

BONUS TRACK 

Le cabinet de Najat Vallaud-Belkacem avait largement critiqué la sortie dite "des couches" de Valérie Pécresse, contribuant même à lui donner une célébrité, une semaine après sa publication initiale, le 2 juillet, ainsi que le Lab le racontait.

Ce 10 juillet, Najat Vallaud-Belkacem, elle, s'est contentée d'un cinglant:

Si j’ai bien compris, changer les couches est une activité réservées aux femmes et les activités plus compliquées sont réservées aux hommes.

Ca se passe de tout commentaire.

Antoine Bayet et Delphine Legouté

[Edit 15h30 avec précisions sur le contenu du rapport de 2007 de Valérie Pécresse] 

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