Deux preuves concrètes de l’implication de François Hollande dans les affaires internes du PS

Publié à 12h22, le 23 août 2016 , Modifié à 12h22, le 23 août 2016

Deux preuves concrètes de l’implication de François Hollande dans les affaires internes du PS
François Hollande. © AFP

François Hollande est multitâches. Il peut tout à la fois être chef de l’Etat, éditorialiste de son propre quinquennat et patron officieux du Parti socialiste. Lui, président de la République, il promettait pourtant de ne pas être le chef de la majorité et de ne pas recevoir les parlementaires à l’Elysée, à l’inverse d’un certain Nicolas Sarkozy. Mais, comme dit le célèbre adage, les promesses n’engagent que ceux qui les écoutent. Quatre ans après la désormais culte anaphore, François Hollande a renié quelques-uns de ces préceptes. Et notamment celui de ne pas s’impliquer dans les affaires du PS, même s’il n’en reçoit pas les élus en grandes pompes mais par petites grappes.

C’est ce que révèlent des anecdotes livrées dans deux ouvrages sur le chef de l’Etat, Conversations privées avec le président, d’Antonin André et Karim Rissouli, et Un président ne devrait pas dire ça…, de Gérard Davet et Fabrice Lhomme, dont des extraits sont publiés par Le Monde dans une enquête intitulée "Les secrets de l’Elysée".

#1 – Exfiltrer Harlem Désir

C’est en revenant, dans Conversations privées avec le président, sur l’affaire Leonarda, que François Hollande égratigne le PS et montre l’influence qu’il conserve sur le parti qu’il a dirigé de 1997 à 2008. "Si je devais refaire le film, je traiterais cette affaire de la même manière, mais je laisserais Valls en faire le service après-vente télévisé", commence-t-il par confier avant de développer ses reproches envers Harlem Désir :

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Mais je pense au fond que le problème n'est pas qu'elle me réponde. Le problème, c'est le parti. Si le PS, si Harlem Désir avait dit lors de sa première expression que j'avais pris la bonne décision, ça aurait été différent. Mais là il me lâche ! Le PS dit qu'il faut faire rentrer toute la famille. Les Français se disent : "Hollande parle et il n'est même pas suivi par son propre parti !" J'en ai fait le reproche à Harlem Désir. Je lui ai dit : "Même si tu n'es pas au courant, même si tu n'es pas d'accord, sur une affaire comme celle-là tu dois suivre la ligne !" C'est cette prise de position qui est la plus déstabilisante. Dans cette affaire, le PS a fait une faute politique. Je ne peux pas changer Harlem sur le coup mais je sais qu'au mois de juin suivant il a peu de chances d'être encore premier secrétaire.

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François Hollande assume ici n’avoir pas pu "changer sur le coup" de Premier secrétaire du PS, preuve de son influence dans cette décision. Mais il l’exfiltrera de la rue de Solférino quelques mois plus tard en le faisant entrer au gouvernement comme secrétaire d’Etat aux affaires européennes, le remplaçant au PS par Jean-Christophe Cambadélis.

#2 – Sanctionner les frondeurs

Le 11 mai, le gouvernement – et donc François Hollande – décide d’enclencher l’outil qu’est le 49.3 pour faire passer la décriée loi Travail portée par Myriam El Khomri. Haro des frondeurs du PS qui tentent de déposer une motion de censure contre le gouvernement de Manuel Valls. Une alliance de députés socialistes, communistes et écologistes se forme pour atteindre les 58 noms nécessaires. Leur entreprise échoue à deux petites voix .

Dans leur article "le jour où François Hollande a imposé la loi Travail" , Fabrice Lhomme et Gérard Davet rapportent l’énervement de François Hollande. Le président n’est pas content, il en a gros contre cette opposition de l’intérieur et "va pousser le patron du PS, Jean-Christophe Cambadélis, à menacer les députés insoumis de sanctions, en leur retirant notamment l’investiture pour les élections législatives de 2017". Une nouvelle irruption dans les affaires du PS.

Et le chef de l’Etat de justifier son courroux auprès des deux journalistes du Monde :

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Ce que voulait une très grande majorité des députés socialistes, une petite minorité pouvait décider du contraire  ? C’est la dissuasion du faible au fort. Je représente 30 députés, et je vous empêche, vous les 250 autres, de faire le texte que vous avez décidé de faire…

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Les légitimistes du PS embrayent. Christophe Caresche prévient que les députés PS qui voteraient la motion de censure de la droite seraient exclus du parti , les menaces de non-investitures aux législatives fuitent et Jean-Christophe Cambadélis finit par saisir la haute autorité du PS .

Finalement, la haute autorité du parti ouvrira la voie à des sanctions . Sans suite pour l’instant.

[BONUS TRACK] La contestation sociale contre la loi Travail ? De la gnognotte

Sur la loi Travail, François Hollande n’a pas affronté qu’une opposition politique de gauche. Il a également subi une importante contestation sociale, entre grèves et manifestations syndicales et mouvements sociaux type "nuit debout". De la gnognotte, répond en substance le chef de l’Etat aux journalistes du Monde qui l’interrogent le 11 mai :

 

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Ça n’a pas été un mouvement puissant, pas comparable avec ce qui s’était passé pour les retraites en 2010, bien moins puissant qu’en 2004, rien de comparable avec La Manif pour tous, et même tellement plus faible qu’avec le CPE [contrat première embauche], 1995, etc. Je n’ai jamais pensé qu’on était en face d’un mouvement puissant. Je n’ai pas senti une déferlante, avec une indication pour moi très importante, les jeunes. Il y a eu des jeunes dans le début du mouvement, ils n’y sont pas restés, on n’a pas eu de décrochage, de blocage de lycées, et ça change tout, la présence de jeunes. La figure de ce mouvement, c’est Martinez, il n’y en a pas d’autres.

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Du rab sur le Lab

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