Wauquiez - Woerth : la synthèse sarkozyste pour la succession à la tête de LR

Publié à 14h14, le 23 août 2016 , Modifié à 18h18, le 23 août 2016

Wauquiez - Woerth : la synthèse sarkozyste pour la succession à la tête de LR
Nicolas Sarkozy © AFP

CALIFE - Nicolas Sarkozy est connu pour son aptitude à trancher, décider, quitte à brusquer. Il n'en est cependant pas moins capable d'un véritable esprit de synthèse que ne renierait pas un certain F.H. Preuve en avait été donnée début 2015, rebelote en cette fin août 2016.

Désormais officiellement candidat à la primaire de la droite, il quitte donc ses fonctions de président de Les Républicains. Or, Laurent Wauquiez et Éric Woerth, respectivement vice-président délégué et secrétaire général du parti, sont en conflit ouvert pour sa succession. Le premier veut être seul maître à bord quand le second prône une direction collégiale, tous deux s'appuyant sur des articles différents des statuts de LR. On savait Nicolas Sarkozy favorable à une présidence Wauquiez, mais ce vœu du patron était loin de calmer tous les esprits (et notamment celui d'Éric Woerth).

En quittant les lieux, il prend donc soin d'éteindre la lumière derrière lui et, espère-t-il, la polémique avec. Dans une lettre d'adieu aux militants LR envoyée mardi 23 août et révélée par L'Opinion, il aborde en effet le futur du parti et notamment sa direction. Dans une phrase manifestement pesée à la virgule près, Nicolas Sarkozy écrit ainsi :

 

"

J’ai demandé à Laurent Wauquiez, le vice-président délégué, d’assurer la présidence par intérim des Républicains, et à Éric Woerth d’en être le secrétaire général, conformément aux statuts. Luc Chatel continuera à assurer la présidence du conseil national. Ils ont toute ma confiance pour diriger notre famille politique.

"

Le désormais ex-président "demande" à son lieutenant de prendre sa suite à la "présidence par intérim" du parti. Laurent Wauquiez est donc désigné comme nouveau numéro 1 du parti d'opposition - il se comporte de toute façon déjà comme tel. Mais dans la même phrase, il évoque le cas d'Éric Woerth, qui reste à son poste de secrétaire général. Et Luc Chatel garde la présidence du Conseil national, sorte de "parlement" du parti.

Voilà donc la synthèse : il y a bien un patron, mais il n'est pas totalement seul. Il ne s'agit pas d'une co-direction, mais "ils" sont bien plusieurs à devoir "diriger [la] famille politique". Ce qui semble compatible avec l'article 39 alinéa 2 des statuts du parti, qui dispose qu'en cas de candidature du président de LR à la primaire, "la direction du mouvement est assurée, jusqu’à la primaire, par les autres membres de la direction." Soit, en l'espèce, Wauquiez et Woerth. 

Plusieurs interprétations sont possibles. S'agit-il de la concrétisation d'un compromis trouvé ces derniers jours, alors que le sujet refaisait polémique à l'approche de la candidature de Sarkozy ? Dans ce cas, les choses devraient s'organiser d'elles-mêmes dans les jours qui viennent. Ou Nicolas Sarkozy donne-t-il une indication quant à ce qu'il souhaite voir advenir du parti, sans pour autant imposer une décision définitive ? Auquel cas, on peut s'attendre à des remous.

Car s'il accorde sa "confiance" aux trois hommes sus-nommés, en leur "demandant" d'assumer les fonctions en question, il ne décrète rien de définitif pour autant. Quoi qu'il en soit, ce n'est plus son problème...

[Edit 17h]

Auprès de Marianne, Éric Woerth affiche sa confiance dans ce futur dispositif qu'il veut croire collégial : "En réalité, ce sera une direction d’équipe", assure-t-il. Il ajoute :

"

On va faire tourner le parti, Laurent et moi. D’un côté, on soutiendra Nicolas Sarkozy, et d’un autre côté, on montrera que le parti continue à exister pendant la primaire.

 

"

Quoi qu'il en soit, l'ancien ministre du Budget "ne veut pas en faire une polémique". "C’est un sujet pour peu de temps, puisqu’il reste trois mois avant la primaire", dit-il comme pour signifier qu'une fois le scrutin passé, la question de la présidence du parti se reposera plus frontalement.

[Edit 18h15]

Laurent Wauquiez, quant à lui, a simplement partagé sur Twitter sa "grande fierté d'assumer la présidence des Républicains après la candidature de Nicolas Sarkozy", promettant de faire en sorte que le parti "reste en cette période le lieu du collectif" :

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