W & W - Laurent Wauquiez prétend prendre la direction de Les Républicains une fois que Nicolas Sarkozy aura annoncé sa candidature à la primaire. Il en est actuellement le vice-président délégué, soit le numéro 2. Mais Éric Woerth aussi se voit bien prendre les rênes, sur un mode plus collégial toutefois : le secrétaire général du parti, en charge du projet, envisage en effet de partager le gâteau avec Laurent Wauquiez et de co-diriger la formation. Lequel des deux ambitieux obtiendra gain de cause ?
Nicolas Sarkozy a clairement une préférence pour Laurent Wauquiez, ce qui est un sacré avantage. Mais Luc Chatel donne un avis différent de celui du boss, dimanche 3 juillet. Lors du Grand Rendez-Vous Europe1/Le Monde/iTélé, juste avant d'annoncer son soutien à Nicolas Sarkozy pour la primaire, le président du Conseil national (sorte de Parlement) du parti a indiqué qu'il penchait plutôt pour la solution de la direction bicéphale, au nom des statuts du parti :
"Les statuts des Républicains ont prévu cette situation. C'est-à-dire que nous avons eu ce débat il y a deux ans lorsqu'on a rédigé ces statuts. [...] Nous avons traité du cas où l’un des membres de la direction, l'un des trois principaux responsables du parti, était candidat à la primaire - le président, soit le secrétaire général soit le vice-président délégué. Et dans ce cas, les deux autres ont vocation à diriger le mouvement. Voilà, ce sont les statuts. Alors le bureau politique aura à en débattre, mais j'imagine mal que... [il est coupé]
"
Le "cas" décrit ici correspond effectivement à l'hypothèse dans laquelle Nicolas Sarkozy se déclarerait candidat et devrait alors quitter la présidence, comme le prévoient les statuts du parti. Et plus précisément de leur article 39 alinéa 2, qui dispose qu'en cas de candidature du président de LR à la primaire, "la direction du mouvement est assurée, jusqu’à la primaire, par les autres membres de la direction." Soit, en l'espèce, Wauquiez et Woerth. Luc Chatel vient donc d'apporter son appui à la position de ce dernier.
"Nous avons traité de la question de l'éventuelle démission du président, ce qui ne serait pas le cas", a encore déclaré le député de la Haute-Marne. A priori, il évoquait ici la possibilité d'une démission sèche, c'est-à-dire non assortie d'une candidature à la primaire. Dans ce cas d'"empêchement" ou de "vacance" de la présidence, les statuts de LR évoquent en effet la solution suivante (article 25 alinéa 5) : "Le président du mouvement est remplacé par le vice-président délégué [...] jusqu’à l’élection d’un nouveau président." Soit, en ce qui nous concerne, Laurent Wauquiez. C'est sur cet article que s'appuie le président de la région Rhône-Alpes-Auvergne pour asseoir sa revendication, assurant que "c’est le vice-président qui est chargé d’assurer la suite".
Mais "ce ne serait pas le cas" de la situation qui nous intéresse, prévient donc Luc Chatel, puisque Nicolas Sarkozy ne démissionnera que pour être candidat. Ce qui renverrait la chose à l'article dédié des statuts, et à une co-direction. Le même Nicolas Sarkozy a pourtant la même appréciation des statuts que Laurent Wauquiez. Dans des propos tenus lors d'un déjeuner le 12 mai et rapportés par L’Opinion, l'ex-chef de l'État disait :
"Je sais que certains d’entre vous s’inquiètent de la situation du parti durant la primaire. Je veux vous rassurer : Laurent [Wauquiez] fera cela très bien.
"
Il aurait même "dealé" la chose avec le numéro 2 de LR en lui promettant cette présidence tandis que François Baroin serait nommé à Matignon. Au-delà de Woerth et Wauquiez, cette question technique semble donc opposer une bonne partie des cadres de Les Républicains. Mais, comme le dit Luc Chatel, "le bureau politique aura à en débattre". Un bureau politique où Nicolas Sarkozy parvient régulièrement à imposer ses vues face à celles de ses opposants...