Lui président de LR (et pro-Sarkozy), Wauquiez promet de ne pas attaquer les candidats à la primaire

Publié à 12h30, le 14 août 2016 , Modifié à 12h50, le 14 août 2016

Lui président de LR (et pro-Sarkozy), Wauquiez promet de ne pas attaquer les candidats à la primaire
Laurent Wauquiez tentant d'inculquer à ses camarades l'état d'esprit "tout le monde il est beau, tout le monde il est gentil" © ROMAIN LAFABREGUE / AFP

ON VAUT MIEUX QUE ÇA - Il va devenir calife à la place du calife. Propulsé numéro 2 de LR par Nicolas Sarkozy, Laurent Wauquiez s'apprête à succéder à ce dernier à la présidence de Les Républicains, fin août. Il prendra le costume de chef du parti d'opposition une fois que l'actuel patron (qu'il soutient) se sera enfin déclaré candidat à la primaire de la droite. Et il le promet : il va jouer fair-play et fera primer le collectif afin d'éviter que la "famille" ne se "déchire".

Dans une interview au JDD dimanche 14 août, celui qui est aussi député et président de la région Auvergne-Rhône-Alpes le jure la main sur le cœur :

 

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Je m'appliquerai un code de conduite. Mon soutien à Nicolas Sarkozy n'est un mystère pour personne. [...] Pour autant, je m'interdirai toute attaque contre les autres candidats. Je souhaite que chacun fasse une campagne positive, pas négative. C'est un code de conduite minimal qu'on est en droit d'attendre au sein d'une famille politique.

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Autant dire qu'en la matière, il y a du boulot. Les invectives et autres mises en accusation ont été monnaie courante entre les divers prétendants à la candidature, depuis de longs mois. Nicolas Sarkozy, qui aura refusé jusqu'au bout de lâcher sa casquette de président du parti pour ne plus porter que celle de candidat, a tout particulièrement été ciblé par ses adversaires. Et ne s'est pas privé de les dézinguer comme il faut, à intervalles réguliers et y compris devant les militants (et la presse) réunis pour le Conseil national de LR, début juillet.

Ce "code de conduite" n'est pourtant pas une idée nouvelle. Les appels à privilégier une compétition "saine", dénuée d'attaques ad hominem et centrée sur les idées, se sont multipliés. Des règles en ce sens ont même été édictées. Laurent Wauquiez se présente donc en garant de ces dernières et de la bonne tenue de la campagne.

Ce qui ne veut pas dire ne pas faire le job pour son champion. L'homme à la parka rouge sera "évidemment impliqué" en faveur de Nicolas Sarkozy et n'a "pas l'intention de faire les choses à moitié". Mais il vous prie de croire que cela se fera en son nom propre, et nom en celui du parti. Il dit :

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Je veillerai à ce que mon soutien personnel à Nicolas Sarkozy n'engage pas le parti. Le parti ne doit être au service d'aucun candidat à la primaire.

 

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Une déclaration d'intention qui devrait faire doucement rigoler certains candidats à la primaire, qui accusent l'ancien chef de l'État "d'utiliser contre toute éthique les moyens du parti pour faire campagne" (signé Alain Juppé), se rendant coupable d'un "mélange des genres" contrevenant à "une sorte d'obligation de décence" (signé Hervé Mariton). François Fillon, lui, avait sous-entendu que Nicolas Sarkozy "touchait des sous" de LR pour son profit électoral personnel. Et on ne parle pas des grosses polémiques autour des bureaux de vote pour les Français de l'étranger, des investitures pour les législatives ou des parrainages et des fichiers d'adhérents...

Mais peut-être que tout cela s'effacera, in fine, devant une nécessité plus grande : l'anti-hollandisme. Laurent Wauquiez veut en effet que l'opposition à la politique du gouvernement et à la personne du chef de l'État permette de ressouder tout ce petit monde :

 

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Le rôle des Républicains sera de rappeler qu'il faut garder le sens du collectif. Il sera aussi d'éviter que nous soyons trop centrés sur nous-mêmes : il faudra continuer à s'opposer fortement à François Hollande.

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Reste à savoir si l'existence de cet ennemi commun sera suffisante pour faire passer au second plan les oppositions et autres inimitiés internes. Peut-être qu'en la matière, les ténors de LR pourraient s'inspirer du contre-exemple de la campagne présidentielle de 2007 du côté socialiste, dont Ségolène Royal se souvient encore très bien



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Fut un temps où Laurent Wauquiez le reconnaissait : "Quand tu es ministre, tu ne fais rien. Moi-même, je n'ai pas laissé de trace flagrante." Un constat qui s'appliquait autant à ses congénères qu'à lui-même et qui lui semblait logique. Ce qui ne l'empêche pas, aujourd'hui, de critiquer ces ministres qui "ne font rien". Et notamment Emmanuel Macron. Dans Le JDD ce 14 août, le futur président de LR attaque le ministre de l'Économie : 

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Emmanuel Macron, lui, c'est l'art et la manière de ne rien faire. C'est tout ce que les Français détestent : le règne de la parlotte et des coups médiatiques.

 

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Ce qu'il disait déjà, en substance, en septembre 2015 : "Macron fait des phrases mais ne change rien." Et autant c'est visiblement normal quand on est de droite, autant cela semble scandaleux lorsqu'on est de gauche. #Astuce.

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