"Contre toute éthique", "obligation de décence" : les adversaires de Sarkozy en remettent une couche sur sa double casquette

Publié à 09h43, le 17 juin 2016 , Modifié à 09h45, le 17 juin 2016

"Contre toute éthique", "obligation de décence" : les adversaires de Sarkozy en remettent une couche sur sa double casquette
Nicolas Sarkozy n'en ayant ostensiblement rien à cirer des critiques en "indécence" de ses concurrents à la primaire © PHILIPPE HUGUEN / AFP

ON MONTE D'UN CRAN - Nicolas Sarkozy est critiqué pour son statut très trouble de président de LR / candidat toujours pas déclaré à la primaire de la droite ? Lui s'en fiche. Et la haute autorité de la primaire, saisie par les lieutenants de différents candidats, ne lui tape que très légèrement sur les doigts, laissant la responsabilité de trancher au parti... qui est donc présidé par l'accusé. Plutôt pratique pour lui. Alors Alain Juppé et Hervé Mariton, notamment, en remettent une sérieuse couche.

Au lendemain de la "recommandation" de la haute autorité, en forme de petit rappel à l'ordre sans conséquence véritable pour l'ancien chef de l'État, le maire de Bordeaux contre-attaque le premier, dans les colonnes du Parisien vendredi 17 juin :

 

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Je ne sous-estime pas la puissance de mobilisation de Sarkozy. Je connais son énergie et la façon dont il utilise contre toute éthique les moyens du parti pour faire campagne. [...] Quand je l'entends dire qu'il n'est pas encore candidat, c'est juste une aimable plaisanterie ! Il y a là un vrai problème de morale.

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C'est donc du brutal. Et il s'agit d'une gradation très sensible de ses attaques contre l'ex-président. Le 10 juin, sur France Info, il avait usé du même champ lexical (la "morale" et "l'éthique") mais de manière moins cinglante :

 

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C'est pas un problème juridique, c'est un problème moral et éthique. Ne reprenons pas certaines pratiques du passé où on confondait un peu les choses entre les campagnes électorales et le financement du parti.

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Hervé Mariton aussi est en mode insistance, sur BFMTV ce vendredi. "Nicolas Sarkozy utilise les moyens du parti pour faire campagne", affirme le député de la Drôme, qui demande au patron de LR "d'être attentif" sur ces questions. Et de balancer :

 

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Il y a une sorte d'obligation de décence.

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Une "décence" qui manquerait donc à Nicolas Sarkozy.

Le 8 juin, c'est François Fillon qui avait chargé sur ce sujet, sous-entendant que le patron "touchait des sous" du parti pour son compte personnel. 

Répondant jeudi à la saisine lancée par les camps Mariton (via Philippe Gosselin) et Fillon (via Bernard Accoyer) sur la double-casquette de Nicolas Sarkozy, président-candidat, la haute autorité a "recommandé" "aux candidats à la candidature" (sans citer nommément l'ancien président mais c'est tout comme) "de distinguer aussi clairement que possible l’action qu’ils mènent dans le cadre du parti de celle qu’ils mènent dans le cadre de cette candidature". Tout en soulignant qu’elle peut considérer comme candidats des personnes qui n’ont pas encore fait acte de candidature mais qui appelleraient déjà à les parrainer (ce qui est le cas de Nicolas Sarkozy).

Une fois cela dit, la haute autorité rappelait qu’elle n’est "pas compétente pour assurer l’application non plus que l’interprétation des statuts du mouvement Les Républicains" et, sur la question de la double-casquette du président de LR, "qu’il appartient aux seules instances compétentes en application desdits statuts d’apprécier, le cas échéant, si les règles qu’ils établissent ont été méconnues". Manière de refiler le bébé au parti.

Un avis que l'on pourrait synthétiser par : c'est pas bien mais c'est à lui de s'auto-corriger. Et comme l'a très clairement indiqué Nicolas Sarkozy, il n'a pas l'intention de changer son "calendrier" en raison des critiques de ses opposants. Ce que l'on pourrait cette fois résumer par un "allez vous faire voir" poli mais sans ambiguïté.

En théorie, il a jusqu'à fin août pour officialiser sa candidature, suite à quoi il devra démissionner de la présidence de LR. Il n'est en tout cas pas dans ses plans de sortir du bois avant le 2 juillet et la validation, par le conseil national du parti, du projet présidentiel.



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