En fin de campagne pour la primaire, le grand retour du spectre des "fraudes"

Publié à 11h10, le 15 novembre 2016 , Modifié à 11h19, le 15 novembre 2016

En fin de campagne pour la primaire, le grand retour du spectre des "fraudes"
Les candidats à la primaire de la droite lors du premier débat. © AFP

ESPRIT DE LA COCOE, ES-TU LÀ ? - À quelques jours du scrutin, certains candidats à la primaire de la droite et leurs soutiens s'inquiètent, ouvertement ou sous couvert d'anonymat, de possibles fraudes lors du vote, dimanche 20 novembre pour le premier tour. Ils s'organisent même dans le but de les empêcher. Excellente ambiance, donc, dans les rangs de Les Républicains, un parti qui se plie à l'exercice de la primaire pour la première fois.

Ces soupçons étaient apparus dès le début de la campagne et les déclarations de candidature de François Fillon et Alain Juppé, les deux hommes prévenant qu'ils n'accepteraient de participer à cette compétition qu'à la condition qu'elle soit "honnête" et "loyale". Nathalie Kosciusko-Morizet en avait rajouté une couche plus tard, accusant Nicolas Sarkozy de vouloir "bidouiller" la primaire. Et s'il y a eu, depuis, de grosses prises de tête internes et publiques sur des questions organisationnelles (le nombre et la répartition des bureaux de vote, les règles des parrainages, les modalités de vote pour les Français de l'étranger, etc.), les "fraudes" en tant que telles avaient globalement disparu du paysage, au profit des débats de fond... et des attaques ad hominem.

# Des fraudes ? "Il y en aura"

On pensait donc que tout était en ordre de ce côté-là. Et puis non. Retour en force du thème "alerte fraude" en cette dernière semaine, avec par exemple cette déclaration de Benoist Apparu à Public Sénat, lundi 14 novembre. Si le porte-parole d'Alain Juppé se dit "pas trop" inquiet à ce sujet, il admet tout de même qu'il y aura bien des fraudes lors du scrutin :

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Il y en aura car il y en a dans toutes les élections.

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Rassurant... Mais "vu la masse de votants, je pense qu’il n’y aura pas d’impact", ajoute aussitôt Benoist Apparu, qui "pense" que l'organisation "est assez bétonné[e]" en matière de sécurisation des résultats et de délai de réclamation en cas de suspicion.

# 10 à 25% des bureaux de vote concernés ?

Cela prouve en tout cas que la confiance règne, comme on dit. Tellement que, d'après L'Express et Europe 1, les équipes Fillon et Juppé se sont récemment réunies pour évoquer le problème. 150 circonscriptions auraient été identifiées comme étant à risque, sur les 577 que compte le pays, d'après L'Express. Cité par Europe 1, un filloniste juge qu'"un bon millier" de bureaux de vote posent question, quand une juppéiste estime ce chiffre plus proche des 2.500... Soit entre 10 et 25% des quelque 10.000 bureaux de vote répartis sur le territoire. Dans le lot, une bonne partie de leurs inquiétudes porterait sur des fiefs sarkozystes.

Pour s'en prémunir, tout ce petit monde s'est mis d'accord pour que dans chaque bureau de vote, des représentants de tous les candidats s'assurent du bon déroulé des opérations. On n'est jamais trop prudent.

# Copé entretient la suspicion

Jean-François Copé, qui avait été au cœur d'une très violente séquence "tricheur / c'est celui qui dit qui est" avec François Fillon au moment où tous deux briguaient la présidence de l'UMP, ne "sait rien" de ces éventuelles fraudes et des gages donnés par l'organisation du scrutin. Mais, interrogé à ce sujet sur France 2 mardi 15 novembre, il charge de nouveau son adversaire d'alors, souligne que certains de ses soutiens roulent désormais pour Nicolas Sarkozy et juge en conséquence que l'ancien Premier ministre a "raison de s'inquiéter". Le député-maire de Meaux dit ainsi :

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Puisque vous en parlez, je vais vous dire une chose : il n'y a jamais eu de triche en 2012, de ma partie [sic]. François Fillon n'a jamais supporté d'avoir été battu en 2012, il a donc inventé cette accusation. [...] Et puisque vous me posez la question, la seule chose sur laquelle il a effectivement raison de s'inquiéter, c'est que les triches qui avaient été identifiées en 2012, elles étaient de la part de ses amis de l'époque - notamment à Nice ou en Nouvelle-Calédonie, c'était attesté par les huissiers de l'époque - et ils sont tous aujourd'hui chez Nicolas Sarkozy. Donc c'est probablement pour ça que François Fillon s'en inquiète.

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"J'ai tourné cette page et je compte bien la tourner de manière définitive", dit encore "JFC"... juste après avoir entretenu les soupçons sur deux des camps de ses rivaux. NOR-MAL.

On ne veut préjuger de rien quant à d'éventuelles fraudes lors des votes, mais vu le climat, il est probablement temps que la primaire de la droite se termine...

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