Que faire en cas de deuxième tour entre François Hollande et Marine Le Pen lorsqu'on est, aujourd'hui, candidat à la primaire de la droite ? Sept mois avant le premier tour de la présidentielle, cette interrogation toute fictionnelle occupe les esprits, surtout depuis que Nicolas Sarkozy a expliqué que, le cas échéant, il voterait pour le président sortant socialiste .
Jean-Frédéric Poisson, lui, n'est pas du tout comme Nicolas Sarkozy. Le président du Parti chrétien-démocrate veut mettre fin au "cordon sanitaire" qui existe encore entre la droite républicaine et l'extrême droite. Alors forcément, en cas de duel Hollande – Le Pen, son choix ne se portera pas sur le premier. Dans l'état actuel des choses, il envisage surtout de s'abstenir. Mais cela pourrait rapidement changer.
Invité deRTL ce lundi 31 octobre, Jean-Frédéric Poisson dit :
"S'il faut choisir entre la gauche qui a mis la France par terre et un autre projet qui pourrait être amendé sur un certain nombre de points, je n'envisage pas de ne pas choisir par principe cet autre projet. J'ai toujours dit qu'entre un candidat socialiste malhonnête et un candidat du Front national honnête, je pourrais faire le choix de ce candidat honnête.
"
Une phrase qui n'est pas sans rappeler le positionnement de François Fillon en 2013. "Aux municipales, je conseille de voter pour le moins sectaire" , avait lâché l'ex-Premier ministre, interrogé sur d'éventuels duels PS-FN au second tour d'élections. Sous-entendu : éventuellement pour le FN. Une phrase pour le moins polémique et sur laquelle il était revenu dans son livre programmatique, Faire, expliquant que, dans son esprit, le "moins sectaire" n'était pas le candidat frontiste.
Jean-Frédéric Poisson va plus loin. Les révélations du livre Un Président ne devrait pas dire ça… (éd. Stock) ne vont pas le faire changer d'avis, au contraire. Le candidat à la primaire de la droite explique ainsi qu'il est "impossible" pour lui "de voter pour un président de la République sortant qui divulgue des secrets d'État". Il ajoute:
"Un chef de l'État qui met en danger des agents des forces spéciales françaises n'est pas digne d'exercer cette fonction et donc il n'est pas question de le réélire.
"
Jean-Frédéric Poisson fait ainsi référence aux commentaires de François Hollande, devant les journalistes Gérard Davet et Fabrice Lhomme, notamment à propos des opérations dites "Homo", les assassinats ciblés confiés au Service Action de la DGSE. Le chef de l'État a parlé de ce genre d'opérations très librement devant les reporters du Monde, inspirant à Jean-Marc Ayrault cette réflexion : "un Président ne devrait pas dire ça…"
Certes, Jean-Frédéric Poisson reconnaît que, selon lui, "le FN pas en mesure de gouverner pacifiquement". D'accord, il attend pour pouvoir voter Marine Le Pen contre François Hollande que cette première fasse "évoluer son projet" sur certains points. Mais l'on sent tout de même que le président du PCD est plus enclin à discuter avec l'extrême droite qu'avec la gauche, surtout si cette gauche est hollandaise.
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