Après le crash de l’Airbus A320 de la compagnie allemande Germanwings, mardi 24 mars, dans les Alpes-de-Haute-Provence, près de Digne, Manuel Valls a suspendu "pour 24 heures" son engagement dans la campagne des élections départementales. Il s’agit pour le Premier ministre de pouvoir "superviser les travaux de la cellule de crise" mise en place après l’accident qui a coûté la vie aux 144 passagers et 6 membres d’équipage de l’appareil.
Une mise entre parenthèse de la campagne électorale qui ne plaît pas à tout le monde. Invité de Radio Classique, mercredi 25 mars, le secrétaire général adjoint de l’UMP en charge des fédérations, Eric Ciotti, a appelé au respect du calendrier démocratique, s’inquiétant d’une tentative de récupération du crash par le gouvernement. Le député des Alpes-Maritimes a déclaré :
"Je ne voudrais pas que le gouvernement, et on a vu hier certaines tentatives je dirais un peu rapide et certaines déclarations, qu’on essaie d’utiliser cette situation.
"
Une inquiétude que l’élu UMP a aussi partagée sur Twitter :
"Je ne voudrais pas que le Gvt essaie d'utiliser cette situation, on a vu hier certaines déclarations un peu rapide" #RadioClassique#A320
— Eric Ciotti ن (@ECiotti) 25 Mars 2015A quatre jours du second tour des élections départementales, le secrétaire général adjoint de l’UMP redoute peut-être qu’en s’invitant dans la campagne le drame aérien ne vienne menacer le succès annoncé de son camp dimanche. Première inquiétude du député, un éventuel report du scrutin. Eric Ciotti insiste: le second tour des départementales doit se tenir dimanche car, malgré l'émotion, il en va de l'impératif démocratique. Il dit:
"Ecoutez, il y a un moment de deuil et d’émotion que nous ressentons évidemment tous dans notre région, dans ce département des Alpes-de-Haute-Provence. Maintenant dimanche il y a des élections. On ne peut pas reporter ces élections. […] Nous avons un calendrier démocratique qui est prévu par nos institutions, qui ne peut pas être reporté.
"
Mais ce n'est pas la seule crainte d'Eric Ciotti, qui semble aussi s'inquièter d'une suspension de la campagne. "Dimanche, il y a un scrutin et je le dis très clairement, les électeurs doivent aller voter. Ils doivent être éclairés sur les enjeux", lance-t-il.
Des inquiétudes qui ne devraient pas persister trop longtemps puisque le premier secrétaire du Parti Socialiste Jean-Christophe Cambadélis a confirmé, mercredi 24 mars que la campagne électorale reprenait mercredi matin pour le PS. Invité de Radio Classique, il a dit :
"-Jean-Christophe Cambadélis : Moi j’ai décidé de suspendre la campagne un après-midi, je ne me voyais pas polémiquer avec Nicolas Sarkozy sur les triangulaires dans ce drame épouvantable que traverse l’Europe.
-Guillaume Durand : Donc la campagne reprend ce matin ?
-Jean-Christophe Cambadélis : Voilà, c’est pour ça que je suis là.
"
Le porte-parole du gouvernement, Stéphane Le Foll, a de son côté directement répondu à Eric Ciotti sur iTÉLÉ: "Il dirait tout le contraire si le gouvernement ne prenait pas toutes les mesures pour accueillir les familles des victimes, accueillir les chefs d'état et assurer le déroulement de l'enquête. Il dirait : que fait le gouvernement ?" Plus tôt, Stéphane Le Foll avait estimé que le gouvernement faisait preuve de "professionnalisme" et de "détermination", en mobilisant les moyens nécessaires pour les recherches et en prenant "tout de suite" les bonnes décisions. Et d'ajouter:
"Après, on peut l'interpréter d'une manière ou d'une autre, mais il y a aussi de la sincérité toute simple.
"
Sur Twitter, le porte-parole du gouvernement a plus tard dénoncé un dérapage de l'élu UMP, associant les propos d'Eric Ciotti et ceux du député Lionnel Luca qui avait ironisé, mardi, dans un tweet très douteux sur l'attitude de François Hollande face au crash:
Dérapages de L. Luca et d'E. Ciotti : le niveau zéro de la dignité à avoir dans un tel moment de deuil, un abaissement du débat politique.
— Stéphane Le Foll (@SLeFoll) 25 Mars 2015