SILENCE RADIO (OU PRESQUE) - Vous ne l'avez pas entendu depuis dimanche et pour cause : François Hollande ne s'est pas exprimé sur le premier tour des élections régionales, marqué par des scores historiques pour le FN. Lui qui, depuis quelques temps, communiquait jusqu'à saturation, est resté totalement silencieux. Sa seule prise de parole, et cela était attendu, est intervenue en conseil des ministres, mercredi 9 décembre.
Le chef de l'État a ainsi appelé "tous les responsables politiques" à la "clarté" et à défendre "les valeurs de la République" avant le second tour. Une forme d'expression indirecte, puisque c'est le porte-parole du gouvernement, Stéphane Le Foll, qui a rapporté la parole présidentielle auprès de la presse à la suite de cette réunion gouvernementale hebdomadaire.
# La stratégie du silence
Tout cela est parfaitement calculé, comme l'expliquent des sources élyséennes. Auprès du Monde (article payant), cela donne :
"Le président a l’intention de rester à sa place : chef d’État, président de tous les Français, père de la nation et agissant pour la protection de la planète. Tout autre comportement poserait problème.
"
Et de préciser que cela s'appliquera "aussi longtemps que nécessaire". Même tonalité dans les colonnes du Figaro :
"Le président veut rester jupitérien, dans un registre de gravité le plus longtemps possible.
"
Un "haut responsable de la majorité" abonde, lui aussi auprès du Figaro : "Les régionales ne sont pas le problème du président. C'est le problème de Valls. Hollande, lui, reste dans la stratosphère."
De fait, on a pas mal entendu Manuel Valls depuis lundi (ici, ici et ici). Il n'est d'ailleurs pas dit que François Hollande s'exprime à l'issue du second tour, qui pourrait bien voir le PS s'en sortir beaucoup mieux que prévu voilà encore quelques semaines.
Après les élections départementales du mois de mars, il avait été tout ausi silencieux, laissant ses conseillers parler à la presse.
# Ce que dit François Hollande
Alors, que dit le chef de l'État ? Selon Stéphane Le Foll, François Hollande a expliqué devant ses ministres :
"[Les] choix dans les débats nécessitent de la part de tous les responsables politiques la clarté dans les attitudes, dans les comportements, dans les choix et la défense des valeurs de la République.
"
En clair, une invitation à faire barrage au FN par le biais du front républicain, de la part de celui qui a orchestré le retrait des listes socialistes arrivées troisièmes en Paca et dans le Nord (et, sans succès toutefois, dans l'Est) pour éviter l'élection de présidents de région frontistes.
Soulignant que ces élections étaient "importantes", le président a fait valoir que "les régions ont de grandes compétences pour préparer l'avenir", toujours selon le porte-parole du gouvernement. Ces compétences, a énuméré le chef de l'État, s'exercent "dans les domaines de l'éducation, des transports, avec le sujet de l'environnement aujourd'hui et de la COP21, de la formation professionnelle et de l'économie".
Il s'agit de "la capacité que nous avons à permettre des investissements et à donner à nos entreprises les capacités à la fois d'innover et d'exporter", a-t-il enchaîné. "C'est aussi un enjeu d'unité" et "républicain", a ajouté François Hollande, selon Stéphane le Foll.
Minimum syndical, donc.
À LIRE SUR LE LAB :
> VIDÉO - Régionales : le petit fail de François Hollande au moment de mettre son bulletin dans l'urne