FN, Strasbourg, région et présidentielle : Marine Le Pen évoque son avenir multifonctions

Publié à 10h43, le 30 juin 2015 , Modifié à 11h21, le 30 juin 2015

FN, Strasbourg, région et présidentielle : Marine Le Pen évoque son avenir multifonctions
© AFP

MULTITÂCHE - Fin d'un insoutenable suspense : Marine Le Pen sera bel et bien tête de liste pour le FN aux régionales de décembre, en Nord-Pas-de-Calais - Picardie. Si elle venait à remporter cette élection, elle cumulerait ainsi un nombre appréciable de fonctions et statuts (du moins durant un temps) : présidente de parti, eurodéputée, présidente de région et future candidate à la présidentielle. Un avenir multifonctions qui n'effraie pas Marine Le Pen.

Sur iTélé mardi 30 juin, tout en annonçant officiellement sa candidature à la télévision (et non aux habitants de la région, comme elle l'avait promis), la patronne du parti d'extrême droite a donc évoqué ses différentes (éventuelles, pour certaines) casquettes. Et elle a tout prévu : tout ça se mettra parfaitement en place.

# Parlement européen et Front national

Ce sont les deux points les moins problématiques de cet éventuel futur "cumul". Récemment réélue triomphalement présidente du FN (avec 100% des voix), la question de savoir si elle quittera cette fonction ne se pose pas, contrairement aux mandats électifs. Mais en ce qui concerne celui d'eurodéputée, elle n'a pas l'intention d'y renoncer avant 2017 et la mise en application de la loi sur le non-cumul des mandats. À la question de savoir si elle conservera son siège au Parlement européen même en cas de succès aux régionales, elle répond :

 

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Oui, pour l'instant oui, tant que l'incompatibilité légale n'est pas mise en oeuvre, oui.

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# La région et la présidentielle

C'est là que les choses devraient se compliquer légèrement pour Marine Le Pen. Car elle sera à nouveau candidate à l'élection présidentielle de 2017 quoi qu'il arrive. Difficile de faire campagne pour la région tout en affichant d'autres ambitions, éloignées de la politique locale, pour l'avenir ? Absolument pas. Elle explique :

 

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Moi je crois qu'il n'y a plus de temps à perdre. La situation se dégrade tellement vite que où que l'on puisse appporter du mieux, où que l'on puisse agir, il faut le faire et il faut le faire tout de suite. Pour la région c'est tout de suite, pour la Nation ça sera un tout petit peu plus tard.

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À ses yeux, il n'y a donc aucun problème. D'autant qu'elle joue la carte de la "franchise" sur le sujet. "Les habitants [de Nord-Pas-de-Calais - Picardie], ils savent très bien que je suis une présidente de parti politique, que je serai d'ici quelques mois une candidate à la présidentielle. Ils l'admettent et je crois qu'ils aiment la franchise. Ils savent que je ne leur ai jamais manqué, que j'ai toujours été là. J'ai toujours été là quand ils avaient besoin de moi, je pense qu'aujourd'hui ils ont besoin de moi au niveau de la région et donc je ferai en sorte de remplir intégralement le mandat qu'ils me confieront s'ils font le choix de m'élire présidente de la région."

*Petite* contradiction tout de même, puisqu'elle affirme vouloir "remplir intégralement" son mandat de présidente de région, tout en expliquant qu'elle se mettra "en congé" de celui-ci une fois sa campagne présidentielle lancée :

 

 

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J'ai été candidate à la présidentielle, je n'ai pas caché ça à personne (sic) et je le serai à nouveau. Je crois que personne n'en doute. Je serai la présidente de la région et, à un moment donné, je me mettrai en congé pour la campagne présidentielle. Chacun le comprendra.

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Mais ne voyez pas dans cette éventuelle future démission un quelconque abandon. Finalement, qu'elle dirige ou non la région ne changera strictement rien. Elle détaille :

 

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Mais j'aurai mes équipes. J'aurai impulsé la politique que je veux voir mettre en oeuvre à la région. [...] L'équipe que je mettrai en place mettra en oeuvre elle-même le projet du Front national et impulsera une orientation radicalement différente à la région de ce que nous avons subi quand même depuis des décennies.

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Les électeurs frontistes de la région sont donc prévenus : s'ils élisent Marine Le Pen, ce sont surtout ses "équipes" qui auront les clefs du camion, la chef de file du FN n'assurant ses fonctions que durant quelques mois. 

# Défaite aux régionales et candidature présidentielle

Toutes ces questions entrent donc dans le scénario idéal pour Marine Le Pen, celui d'une victoire aux régionales. Mais si elle perd ? Sera-t-elle toujours "légitime" à représenter son parti à la présidentielle ? La cheffe du FN évacue la question (avec en prime une citation probablement empruntée à Captain Obvious) :

 

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Mais ça c'est pas à vous d'en décider (rires). C'est en l'occurence aux membres du Front national. [...] Mais le risque existe toujours. Une élection, c'est une élection ; avant qu'elle se déroule, elle ne s'est pas déroulée.

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D'autres personnalités frontistes, comme Marion Maréchal - Le Pen, pourraient-elles tout de même prétendre à concourrir à sa place en cas d'échec en décembre ? "Très honnêtement, s'il y a des candidats à la candidature présidentielle, ils ne s'en sont ouverts auprès de personne", balaye-t-elle d'abord. Avant de changer de sujet aussitôt :

 

 

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Ce qui va être intéressant, c'est de voir comment vont réagir l'UMP et le PS. Qu'est-ce qu'ils vont faire ? Car si comme je le crois nous arrivons en tête de cette élection au premier tour, ils vont fusionner ensemble ? Ils vont se retirer l'un pour l'autre ? Ils vont finir de démontrer en réalité qu'ils mènent exactement la même politique et qui'ls se font la courte échelle comme ils l'ont fait aux départementales ?

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Ce qui, vous en conviendrez, ne répond pas à la question. Mais il sera toujours temps d'en discuter après les régionales...

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