Il s'était à peine mis en retrait de la politique qu'il évoquait déjà un possible retour, pour s'opposer à toute tentative de la droite de se rapprocher du FN. Archi-favori de l'élection à la présidence de LR, Laurent Wauquiez n'était pas cité mais c'était tout comme. Chiraquien historique, le président de l'Association des maires de France reste attaché à l'union de la droite et du centre qui était à la base du projet politique de l'UMP, dont il rappelle systématiquement qu'il fut "l'un des fondateurs". Et comme tous les tenants de cette ligne dite "modérée" à droite (malgré sa présence sur un "ticket" présidentiel avec Nicolas Sarkozy pendant la primaire, puis son soutien indéfectible à François Fillon jusqu'à la présidentielle), il n'est évidemment pas insensible à la politique menée par Emmanuel Macron et un Premier ministre venu de ses rangs, Édouard Philippe.
Aux Grandes Gueules de RMC jeudi 16 novembre, François Baroin poursuit la promo de son livre paru début octobre, Une histoire de France par les villes et les villages. Mais tout désireux qu'il est de ne parler que de cet ouvrage et de ne plus commenter l'actualité politique, il ne peut cependant pas couper à une ou deux questions. Par exemple celle sur la désignation du nouveau patron du parti de la rue de Vaugirard, à laquelle il ne prendra peut-être pas part :
"- François Baroin : Je ne veux plus d'engagement militant [...].
- Journaliste : Vous êtes toujours membre des Républicains ?
- François Baroin : Je reste attaché à ma famille.
- Journaliste : Vous allez voter pour la présidence ?
- François Baroin : Je voterai probablement, je ne... je ne sais pas si j'irai véritablement voter, en tout cas je laisse les militants choisir leur direction en fonction de leur analyse.
- Journaliste : Quel que soit le résultat, vous restez chez Les Républicains ?
- François Baroin : En tout cas, au lendemain de l'élection, c'est ma famille politique, je suis un gaulliste, j'étais un des fondateurs de l'UMP et jusqu'à nouvel ordre, j'y resterai. J'en ai été le chef de file sacrificiel pour les législatives. J'ai cet attachement à ma famille, j'ai cet attachement au gaullisme.
"
Il reste donc membre de LR "jusqu'à nouvel ordre", sans pour autant vouloir voter pour élire son président. On a vu engagement partisan plus marqué. D'autant que comme de nombreux autres responsables de droite, y compris parmi ceux qui ne sont ni partis chez LREM ni même Constructifs, il considère qu'Emmanuel Macron mène une politique que la droite peut difficilement critiquer, vu qu'elle ne l'aurait peut-être pas poussée aussi loin elle-même :
"- Journaliste : C'est vrai que vous avez dit qu'Emmanuel Macron c'était l'avenir de la droite ?
- François Baroin : Ça devait être une boutade, je pense, ou alors c'est un propos de fin de banquet, je sais plus quel soir, je sais plus ce que j'avais dit, enfin j'en sais rien ! En tout cas, il est apprécié par une partie de notre électorat aujourd'hui, il faut aussi avoir l'honnêteté de le reconnaître. Y'a des gens qui étaient très dubitatifs sur l'élection d'Emmanuel Macron, y compris à droite. [...] Les mesures qu'il prend, le discours qu'il porte sur la liberté - que même à droite, nous-mêmes, on n'osait plus porter -, les mesures sur l'ISF, les mesures sur le droit du travail - je sais même pas, sur les ordonnances, si j'avais été amené à diriger le gouvernement, si on serait allés aussi loin sur la barémisation [des indemnités prud'hommales]. 'Fin je veux dire voilà, il y a un déplacement de ligne, il se passe des choses.
"
Un discours qui est identique à celui des Constructifs et autres membres du gouvernement venus de LR (et même Jean-François Copé), qui ne cessent d'appeler leurs anciens collègues à ne pas s'opposer à une politique à laquelle ils sont intimement favorables... Pas franchement le même positionnement que celui de Laurent Wauquiez, donc, qui se veut le hérault d'une "droite de retour" et d'une opposition résolue au chef de l'État. François Baroin, lui, appuie :
"On ne peut pas faire comme si rien ne s'était passé, on a un jeune Président qui a déplacé les lignes, moi je souhaite le succès de mon pays et je souhaite le succès, au fond, de cette action.
"
François Baroin ne va certes pas aussi loin qu'Alain Juppé (qu'il ne peut pas encadrer), qui s'est dit non pas "En marche mais en mouvement" et a évoqué l'idée d'un "rassemblement autour de Macron". Mais il semble avoir quelques orteils quelque part entre LR et LREM...
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