CADEAU DÉSINTERESSÉ - Inutile de braver la pluie et de s'aventurer dans la grisaille parisienne pour admirer les dorures de l'Assemblée Nationale. Une impressionnante visite virtuelle est en ligne pour ceux qui ne participent pas, physiquement, aux journées du patrimoine ce samedi 13 et ce dimanche 14 septembre. Et comme l'assure le cabinet de Claude Bartolone au Lab, ce joli cadeau gratuit du géant américain n'a "absolument rien à voir" avec une opération de lobbying pour amadouer la volonté des socialistes de faire payer plus d'impôts à Google.
Le projet a été lancé par le service de la communication de l'Assemblée avant d'être validé par le président de l'Assemblée, Claude Bartolone - qui a enregistré une vidéo dédiée - et par les questeurs.
L'une des organisatrices s'enthousiasme :
"On est allé voir Google au printemps 2013. L'accueil a été formidable. Ils ont immédiatement accepté de nous fabriquer une visite virtuelle. Ils ont une technologie incroyable et, en plus, tout le monde va sur Google.
"
Le week-end du 6 et 7 juillet, un chariot Google a donc parcouru les couloirs de l'Assemblée ,ationale en prenant une rafale de photos à 360 degrés.
Ces milliers d'images ont ensuite transité par les écrans des ingénieurs américains, au siège de Google, à Mountain View, en Californie, pour un minutieux assemblage.
Avant d'être validées, image par image, pendant trois jours par les services de l'Assemblée. "Afin d'être certain de ne pas mettre en ligne d'informations sensibles", expliquent-ils.
Au final, en cliquant-ici , l'internaute a l'impression d'être immergé et de pouvoir se balader dans le rez-de-chaussé de l'hôtel de Lassay, la galerie des fêtes et toutes les salles du Palais Bourbon.
Au delà de cette visite virtuelle conçue par l'institut culturel de Google et une numérisation d'images de différents parlements européens , l'Assemblée est désormais également accessible dans Google Street View, directement via le très populaire de service de cartographie en ligne Google Maps.
Afficher Assemblée nationale sur une carte plus grande
Un échange de bons procédés ?
D'un côté, l'Assemblée, qui voulait une "visibilité dans le monde entier" et une "meilleur fluidité" comparée à la version sommaire déjà existante, "n'a trouvé aucune entreprise française capable de faire ça comme ça".
De l'autre, Google France explique au Lab avoir dit oui pour ajouter un prestigieux lieu à leur collection du programme "World Wonders ". Après la Maison Blanche - avec le bureau ovale - et la Tour Eiffel , le Palais Bourbon est le premier parlement européen à être scanné par les technologies du titan de l'Internet. Le premier au monde étant le Canada .
Google France commence par rappeller que l'entreprise a beau être américaine, c'est un ingénieur français, Luc Vincent qui a inventé Google Street View en 2007 . Depuis, les voitures Google, les tricycles Google, le Trekker Google, les motoneige Google sillonnent le monde.
Interrogé par le Lab, Google refuse d'estimer le coût cumulé d'une telle opération :
"C'est du donnant-donnant. Il faut voir ça comme du mécénat. Et cela n'a aucun lien direct avec les différents dossiers politiques.
"
Car faut-il voir dans ce beau cadeau de Google une façon de faire du lobbying auprès d'hommes politiques français qui cherchent une façon de faire payer plus d'impôts à un groupe spécialiste de "l'optimisation fiscale" et à qui l'on reproche aussi des pratiques anti-concurrentielles ?
"Non, non, non, cela n'a absolument rien à voir", jure le cabinet de Claude Bartolone, également contacté par Le Lab :
"Ne cherchez pas midi à quatorze heures. Cette opération ne s'inscrit dans aucun contexte politique.
"
"C'est un partenariat gratuit qui n'a donné lieu à aucun échange financier", argumente le service de communication de l'Assemblée, "et nous faisons très attention à ne pas favoriser une entreprise en particulier". Et de citer d'autres projets en cours avec le français Dailymotion ainsi qu'une volonté de mettre bientôt en ligne gratuitement tous les documents de l'assemblée...sur Amazon.
A lire aussi sur Le Lab :
Le 1er février dernier, à l'Élysée, François Hollande et Eric Schmidt, le patron de Google, signaient , aux côtés de représentants d’éditeurs français, un "accord" actant la création d’un fond d’accompagnement de la presse dans sa "transition numérique", abondé à hauteur de 60 millions d’euros par le géant américain. Le patron de Google en avait profité pour inviter François Hollande.