Harcèlement sexuel : l'ancienne ministre Monique Pelletier raconte avoir été "agressée par un sénateur" en 1979

Publié à 15h15, le 10 mai 2016 , Modifié à 17h50, le 10 mai 2016

Harcèlement sexuel : l'ancienne ministre Monique Pelletier raconte avoir été "agressée par un sénateur" en 1979
Monique Pelletier dans son bureau du Conseil constitutionnel, en 2000 © JACK GUEZ / AFP

L'affaire Denis Baupin met à mal le silence. Au lendemain des révélations concernant le député ex-EELV, accusé par huit femmes dont quatre élues écologistes d'actes de harcèlement et d'agressions sexuels, plusieurs femmes politiques dénoncent, elles aussi, des faits similaires.

Monique Pelletier a ainsi choisi d'évoquer publiquement, mardi 10 mai, une "agression" subie il y a près de 40 ans. Félicitant sur Twitter les victimes qui "parlent... enfin", l'avocate dit ensuite avoir été la victime "d'un sénateur" alors qu'elle était "ministre des femmes en 1979". Et confie sa "honte" de ne pas l'avoir dénoncé plus tôt :

Contactée par Le Lab sur Twitter, Monique Pelletier n'a pour l'heure pas donné suite.

Selon son tweet, les faits remonteraient donc à l'époque où, sous la présidence de Valéry Giscard d'Estaing, elle était ministre délégué à la Famille et à la Condition féminine, poste qu'elle a occupé de 1978 à 1981. Durant quelques mois en 1978, elle avait préalablement été secrétaire d'État auprès du ministre de la Justice, Alain Peyrefitte. Elle a également été membre du Conseil constitutionnel de 2000 à 2004.

Monique Pelletier raconte cet événement au JDD, ce mardi. À l'époque, elle s'est "battue pour obtenir le fait de défendre" devant le Sénat le texte sur la reconduction définitive de la loi Veil sur l'IVG. Le climat est tendu autour de l'avortement, la discussion parlementaire s'annonce houleuse. Elle rend une visite de courtoise au président de séance. La suite :

 

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C’est la tradition quand on est ministre et qu’on a un débat un peu difficile. Nous parlons de la loi, il me dit que ça va être très dur, qu’il a déjà eu des quantités de sénateurs qui sont venus lui en parler. Je me lève pour prendre congé et je m’adosse à la cheminée pour lui dire encore deux mots sur la manière dont je pense entamer le débat. Là, il se jette sur moi et me fait, alors qu’il avait d’énormes lunettes, un baiser avec la langue. J’étais contre la cheminée, je ne pouvais pas bouger et c’était 'un baiser complet' ! [...] Je lui dis 'mais qu’est-ce qui vous arrive, vous êtes malade ?' Je lui ai exprimé que c’était scandaleux, qu’on ne se jetait pas comme ca sur les gens. Il était tout rouge et avait la queue basse, je peux vous le dire.

"

Si elle s'est tue, c'est pour ne pas risquer de ne pas pouvoir défendre ce texte, elle qui considère que "que c’était une femme qui devait le faire" : "J'ai eu un mal fou à obtenir le fait de défendre ce texte et j'ai tout le RPR contre moi. Je ne peux pas lâcher. [...] C'était une minute trente, dans une vie longue. Si j'avais parlé, on aurait remis la séance, car on aurait dit que dans l'état où j'étais, je n'étais pas en état de soutenir le débat. Et je connais quelqu’un qui se serait précipité pour prendre ma place !"

Cette prise de parole de Monique Pelletier s'inscrit dans le souhait, largement exprimé de toutes parts, de voir "l'omerta" et la "loi du silence" cesser enfin sur ces sujets, notamment dans le monde politique. Ce mardi 10 mai, Libération publie une tribune contre l'omerta. Intitulée "Harcèlement et politique : 'Pour que l’impunité cesse'", le texte est signé du collectif "Levons l'omerta", soit plus de 500 militant(e)s et élu(e)s qui dénoncent le comportement de certains de leurs collègues.

Aurore Bergé, élue Les Républicains des Yvelines, a pour sa part dénoncé, elle aussi sur les réseaux sociaux dès lundi soir, des propos ultra-graveleux tenus à son encontre par d'autres élus. Lors du conseil d'agglomération de Saint-Quentin-en-Yvelines, un élu LR lui aurait lancé : "Quand je te vois, j'ai envie de te faire une Baupin". Un autre, LR également, aurait enchaîné : "Quand on voit Aurore, on a le bâton de Berger".

[Edit 17h45 : ajout déclarations Monique Pelletier au JDD]

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