Il "condamne totalement" ses propos. Mais il juge aussi qu'elle ne "relève pas de l'appréciation du juge". Le député sarkozyste Henri Guaino regrette, au nom de son combat contre la "judiciarisation" du débat public, que le Parlement européen examine ce mardi 2 juillet la levée de l'immunité de Marine Le Pen après son parallèle entre les prières musulmanes de rues et l'Occupation.
"L’immixtion de la Justice dans la vie politique commence à poser un vrai problème quant à l’avenir de notre démocratie et de notre République", juge l'ancien conseiller spécial de l'ancien chef de l'État, invité de la matinale de Radio Classique, ce mardi.
Le député UMP des Yvelines lie la demande de levée de l'immunité parlementaire de Marine Le Pen d'un côté et les "affaires" dans lequel le nom de Nicolas Sarkozy est cité :
"La judiciarisation– pour employer ce mot barbare – du débat public nous conduira à la catastrophe, comme toujours dans l’histoire.
Elle nous conduit à la catastrophe à la fois car c’est vrai qu’il y a certaines dérives judiciaires des juges, on verra dans la suite des affaires qui occupent le devant de la scène et il y a aussi, de l’autre côté, une instrumentalisation.
On voit bien que [Marine Le Pen] cherche à instrumentaliser la situation.
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Henri Guaino "condamne totalement" les propos de la présidente du Front National mais regrette l'instauration d'une "police du discours, de la pensée" :
"Franchement, je déteste cette remarque mais je crois qu’il faut qu’on fasse attention à ne pas judiciariser tout le débat public.
Il y a des choses qui sont insupportables et qui, pour autant, ne relèvent pas de l’appréciation du juge.
Le juge n’a à juger ni de l’opportunité des décisions politiques ni de toutes les paroles prononcées, même excessives, même scandaleuses, même extrêmes , même honteuses par les hommes politiques et par les élus. C’est au peuple d'en décider.
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"Je sais que c’est la loi aujourd’hui, mais la question que nous devons tous nous poser, le législateur en particulier, c’est de savoir jusqu’où aller dans le contrôle judiciaire dans les paroles que prononcent les politiques", conclut Henri Guaino.
#COMPLOT
"Je pense qu’il y a beaucoup de gens, pour un tas de raisons, qui cherchent à le mettre à l’écart, qui en font une cible", poursuit Henri Guaino, interrogé sur Nicolas Sarkozy.
Selon lui, les affaires Bettencourt , Karachi , Kadhafi et Tapie seraient directement liées à la réforme avortée du juge d'instruction :
"Quand vous voulez supprimer les juges d’instruction, évidemment, vous avez la tentation d’une corporation d’essayer de prendre sa revanche .
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[BONUS TRACK] L'UMP a validé dimanche le principe d'une primaire à droite, pour 2017. Mais Henri Guaino continue de répéter qu'il y est farouchement hostile, qu'il y voit "un reniement de tous les principes de la Vème République" et conseille toujours à Nicolas Sarkozy de ne pas s'y soumettre même s'il "fera ce qu'il voudra" :
"Je suis contre le principe des primaires. Maintenant, si c’est la règle, on appliquera la règle.
Mais s’agissant de Nicolas Sarkozy, cela me parait absurde, comment imaginer qu’un ancien président de la République, qui a parlé au nom de tous les Français, qui a incarné tous les Français sur la scène du monde, aille s’enfermer à nouveau dans son camp, puisque c’est ça les primaires, pour ensuite aller vers tous les Français, c’est absurde, c’est un espère de retour en arrière de l’Histoire.
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