ÉPARPILLÉS FAÇON PUZZLE - Y a-t-il autant de centristes que de partis centristes ? Car le centre, depuis longtemps divisé en de multiples chapelles, continue sa dispersion partisane. Il y a les centristes qui ont soutenu Alain Juppé (François Bayrou, Jean-Christophe Lagarde, Laurent Hénart…), ceux qui ont soutenu Nicolas Sarkozy ou un autre candidat à la primaire de la droite avant de rallier François Fillon (Hervé Morin, Maurice Leroy), ceux qui la jouent en solo (Rama Yade) ou encore ceux qui voient d’un bon œil l’évolution d’Emmanuel Macron (liste non-exhaustive). Sans compter les nostalgiques, nombreux, de Jean-Louis Borloo. Le centre éparpillé façon puzzle donc.
L’approche de la vraie campagne pour la présidentielle n’a pas arrangé les choses à ces divisions. Et les plaques tectoniques centristes continuent donc de bouger. Ainsi, le Nouveau Centre présidé par Hervé Morin, qui ne s’est pas vraiment remis de sa défaite pour la présidence de l’UDI (la fédération censée rassembler toutes ces chapelles centristes) face à Jean-Christophe Lagarde, tiendra un congrès le 11 décembre pour "bâtir un pôle centriste fiable, loyal et solide" soutenant François Fillon.
Le cas échéant, il sera donc décidé, à l'occasion de ce congrès à Paris, si la construction de ce nouveau parti, qui réunira aussi "Les Bâtisseurs" (mouvement crée lors de la course à la présidence de l'UDI perdue par l’ancien ministre de la Défense du gouvernement Fillon il y a deux ans), doit se "faire dans ou hors de l'UDI", a-t-il fait savoir. "L'UDI sort bien malade de cette primaire", fait observer l'ancien ministre Yves Jégo à l'AFP, qui réclame depuis dimanche "un congrès extraordinaire" de l'UDI, s'inquiétant de la "division" de la famille centriste. Créée à l'automne 2012, l'UDI regroupe notamment le Parti radical, le Nouveau Centre, l'Alliance centriste et des adhérents directs.
Hervé Morin, qui avait soutenu Bruno Le Maire pendant la campagne de la primaire de la droite, s'est rangé derrière François Fillon. Etaient présents à cette réunion également d'autres membres du Nouveau Centre : l'ancien ministre Maurice Leroy, ex-sarkozyste, mais aussi Philippe Vigier, le président des députés UDI, qui avait soutenu Alain Juppé.
Parallèlement à ces rebondissements à venir, l'UDI, qui avait décidé de soutenir Alain Juppé à la primaire, a mandaté mardi une délégation pour aller négocier avec François Fillon alors que le centre est secoué par la victoire de Fillon et la candidature de Macron. Son président, le député-maire de Drancy, Jean-Christophe Lagarde, a ainsi rendez-vous mercredi matin avec le nouvel homme fort de la droite. Il avait expliqué dimanche soir qu'il voulait discuter avec lui d'un "projet législatif" et le bureau exécutif a mandaté en ce sens une délégation. La victoire de François Fillon a bousculé les plans des centristes qui avaient en grande partie misé sur le maire de Bordeaux, partisan d'un rassemblement de la droite et du centre.
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