Invoquer le soutien de Nicolas Sarkozy est chose rare pour Alain Juppé. Mais - aux grands maux les grands remèdes - c'est bien ce que fait le maire de Bordeaux pour parvenir à imposer sa candidate, Virginie Calmels, pour prendre la tête de liste UMP en Aquitaine en vue des régionales. Il le réaffirme à Sud Ouest le 27 avril: son adjointe à l'économie est adoubée par le président de l'UMP.
Il faut dire que la tentative d'investiture de celle qui a longtemps dirigé Endemol France ne s'est pas passée de manière très apaisée mi-avril. Le vote a d'ailleurs fini par être repoussé devant la fronde de certains membres de la commission nationale d'investiture, une fronde menée médiatiquement par Henri Guaino. L'ancienne plume de Nicolas Sarkozy refuse que l'on veuille imposer Virginie Calmels à la commission. Il lui reproche également son étiquette "téléréalité" et son manque d'expérience d'élue. La méthode et le CV ont donc eu temporairement raison de l'investiture de la Bordelaise il y a dix jours.
Prochain round le 7 mai lors de la nouvelle réunion de la commission d'investiture. Cette fois-ci, raconte Sud Ouest, Alain Juppé sera là pour défendre sa candidate. Virginie Calmels sera également présente, se félicite le maire :
"Elle sera invitée pour la première fois, ce qui lui permettra de plaider sa cause. Et je ne doute pas qu'elle sera convaincante.
"
Nicolas Sarkozy, lui, serait déjà convaincu, aime répéter le maire de Bordeaux. Ils auraient évoqué ensemble le cas Calmels "à plusieurs reprises". Alain Juppé assure :
"Il la soutient.
"
Celui qui est déjà candidat à la primaire de 2016 en profite également pour décocher une flèche à ses concurrents socialistes aquitains chez qui certaines désignations font également quelques remous :
"Sa candidature a été mieux accueillie que celle de Monsieur Feltesse par ses propres amis...
"
Vincent Feltesse, ancien député de Gironde et actuel conseiller de François Hollande, a en effet annoncé par voie de presse sa candidature à une place éligible sur la liste PS en Aquitaine. Le tout avant l'aval des militants et sans forcément prévenir son entourage, à commencer par l'ancienne ministre et actuelle députée Michèle Delaunay dont il est pourtant le suppléant.
[Edit 19h30] C'est donnant-donnant
À en croire Le Canard Enchaîné, mercredi 29 avril, le soutien de Nicolas Sarkozy à Virginie Calmels ne serait pas aussi évident que ce qu'Alain Juppé voudrait faire croire. Le président de l'UMP serait bel et bien prêt à pousser la candidature de la protégée du maire de Bordeaux, mais à une condition : que ce dernier empêche ses proches de critiquer le très probable futur nom de l'UMP, "Les Républicains".
L'ancien chef de l'État a ainsi expliqué à son entourage, selon l'hebdomadaire :
"Pour imposer Calmels, Juppé avait préparé son coup comme un manche. Je lui ai sauvé la mise [c'est Brice Hortefeux qui a repoussé le vote au 7 mai, ndlr] et, pour me remercier, il envoie ses sbires flinguer le changement de nom et foutre le boxon au sein du parti en demandant un vote des militants.
Si Juppé continue de mettre la pression sur le vote, je ne lèverai pas le petit doigt le 7 mai pour que sa protégée soit investie. S'il veut jouer au con, je peux y jouer aussi.
"
[Edit 7 mai] Tout est bien qui finit bien pour Calmels
Selon la journaliste de BFMTV Pauline de Saint-Rémi, Virginie Calmels a obtenu la tête de liste Aquitaine à l'unanimité de la commission d'investiture, moins une abstention :
Calmels a été désignée tête de liste par la CNI de l'UMP à l'unanimité - 1 abstention #régionales#aquitaine
— Pauline de St Remy (@PauSR) May 7, 2015