Jean-Marc Ayrault n’a pas, dixit Michel Sapin, franchement une tête de frondeur. Pourtant, l’ancien Premier ministre vient mettre son petit caillou dans l’engrenage budgétaire avec un amendement, signé par 137 députés socialistes, visant à révolutionner l’impôt sur le revenu en le rapprochant de la CSG. ce à quoi François Hollande a fermé la porte tout en se disant favorable à un débat malgré "un risque constitutionnel" .
Incohérence , crie ce mercredi 14 octobre Jean Glavany, dans un billet de blog qui défend la cohérence d’Emmanuel Macron face aux velléités de Jean-Marc Ayrault. L’ancien chef de cabinet de François Mitterrand (de 1981 à 1988) s’interroge sur la réforme fiscale proposée par l’ancien résident de Matignon, soulignant qu’il ne l’avait pas du tout engagée quand il était à la tête du gouvernement, loin de là :
"Pourquoi ne l'a-t-il pas mise en œuvre quand il était Premier Ministre ? A-t-il oublié que les réformes qui ne sont pas mises en œuvre en début de mandature ne le seront jamais ? Et pourquoi, loin de mettre en œuvre ces mesures, a-t-il pris, au contraire, des mesures fiscales qui s'en éloignaient catégoriquement ? Incohérence.
"
Cette réforme fiscale, avec notamment la fusion impôt sur le revenu-CSG, engagement de campagne de François Hollande en 2012, Jean-Marc Ayrault l’a pourtant proposée à la toute fin de son passage à Matignon , espérant sauver sa peau et éviter son remplacement imminent. Sans succès. Un projet qui est devenu, chez lui, une marotte (ou une manière de continuer à exister, c'est selon) depuis son départ du gouvernement.
Mais Jean Glavany poursuit sur les "incohérences" du député nantais. Et notamment sur son antiparlementarisme supposé, lui qui se gargarise d’avoir avec lui sur son amendement une petite moitié du groupe PS. Le député de Haute-Garonne écrit se "souvenir", lui, "avec quelle détermination il savait, quand il était Premier Ministre, jeter à la poubelle certaines propositions soutenues par 300 parlementaires". Et d’accuser frontalement :
"Jamais, en 22 ans de Parlement, je n'ai vu une équipe gouvernementale traiter aussi mal le Parlement que l'équipe de Ayrault. Au sein de son cabinet, l'antiparlementarisme le plus détestable régnait en maître...
"
Et dire que si Claude Bartolone remporte la région Ile-de-France, les deux hommes pourraient s’affronter pour le remplacer à la présidence de l’Assemblée nationale. Via ce billet de blog, la campagne interne au PS a-t-elle déjà commencé ?